Une grande dame nous a quitté!

En lisant ce titre, je suis certaine que vous cherchiez quelle grande dame pouvait bien être partie. Peut-être avez-vous pensé à plusieurs personnalités qui font souvent les manchettes pour leur apport important à la cause de la condition féminine. La plus récente étant Denise Bombardier, une féministe bien de son époque. Plusieurs artistes féminines sont disparues dernièrement. C’est sûr qu’à mon âge, j’en vois partir de plus en plus.

Je les admire, il va sans dire. Je ne peux m’empêcher de penser qu’elles ont la chance d’avoir la caméra sur elles et que les journalistes, avides d’idoles, aiment les mettre sur un piédestal pour les aduler.

Dans la vie courante pourtant, tant de femmes ont permis à notre génération d’avancer, d’être reconnue, d’être les femmes que nous sommes maintenant. Et leur dévouement à cet avancement de la femme, s’est fait dans l’ombre la plupart du temps.

Moi, j’ai la chance d’en connaître plusieurs de ces femmes de l’ombre. Et particulièrement, ma tante Pierrette Labbé-Daneau, une grande dame.

Elle a baigné mon enfance d’une aura de dignité, de féminisme, d’un doigté incroyable. Je l’avoue, elle m’intimidait même. Ce n’était pas sa faute, j’étais juste un peu subjugué par sa beauté et aussi sa personnalité, forte et discrète à la fois.

Toute sa vie, elle a secondé son homme. Elle l’a accompagné dans tous ses projets, les faisant sien. Je suis persuadée qu’il lui doit une grande partie de sa réussite professionnelle et personnelle.

Elle a même eu ses propres projets, que ce soit comme vendeuse de vêtements où elle a excellé bien entendu. Tout cela sans jamais délaisser les gens importants de sa vie personnelle.

Elle a nourri son homme de sa bonne cuisine, elle a reçu ses amis, devenus les siens par la force des choses bien sûr, elle a même chanté à ses côtés, formant un duo formidable.

Elle a pris soin de leurs filles, leur donnant le meilleur d’elle-même.

Elle a été une grand-mère présente et chaleureuse auprès de ses petits-enfants. Elle a épaulé sa fille dans sa vie de jeune mère et épouse. Entre elles s’étaient développé une complicité, belles à voir.

Depuis quelques années, elle goûtait à la joie de voir sa descendance s’agrandir, 4 arrière-petits-enfants sont arrivés dans sa vie. Quel bonheur de voir qu’elle continuerait de vivre en eux.

Elle a continué à être présente pour tous ses proches, famille et amis. C’est sûr que son cercle se rétrécissait depuis quelques années et les occasions de les côtoyer se faisaient plus rare. Ce qui n’enlevait pas ses pensées d’affection pour eux.

Son enfance dans la pauvreté mais dans l’amour, l’aura-t-elle préparé, je le crois. Son autobiographie nous l’a bien démontré.

Elle a traversé des épreuves accablantes, feu, perte d’êtres chers, dont sa fille Gislaine et bien sûr, l’homme de sa vie, Raynald. La tristesse a fait partie de sa vie mais elle a su la surmonter devant les autres, apportant son sourire si chaleureux malgré tout.

Cette « grande dame » a été pour moi un exemple de beauté et de bonté. Elle m’a redonné confiance en moi, me confiant de petites tâches comme prendre des photos dans des événements importants pour elle. Elle m’a aussi fait confiance en me demandant de rendre hommage à mon oncle à ses funérailles. J’ai été touchée par sa demande et son regard empreint de fierté devant moi, m’a fait énormément grandir.

Alors quand je pense à toutes ces féministes qu’on met de l’avant dans les médias, je ne peux m’empêcher de penser que c’est d’abord et avant tout, des femmes comme ma tante qui ont fait évoluer notre société, dans l’ombre et la force de leur pouvoir de femme.