
L’un des traits caractéristiques du vieillissement, c’est de voir dépérir ce corps si longtemps adulé.
L’un après l’autre, les organes internes et externes se détériorent et apportent dans leur sillage tous les problèmes inhérents.
Sans compter notre système immunitaire qui semble s’affaiblir et laisser entrer des virus et des microbes dont on ne veut vraiment pas.
Bien sûr, la Covid en est le meilleur exemple puisque ce sont généralement les personnes âgées qui en ont le plus souffert durant la pandémie. Et encore aujourd’hui, ce semble être le cas. Le taux de mortalité étant beaucoup plus élevé chez-nous que dans les autres strates d’âge.
Vous me direz que la vaccination a beaucoup aidé, c’est vrai mais pas assez semble-t-il. Son taux d’efficacité semble diminuer avec le temps et les variants s’en moquent un peu.
Nonobstant ces virus qui nous attaquent, il faut bien avouer que notre corps est en perte de vitesse et que l’élan de la jeunesse s’en est bien allé.
On aime à penser qu’on vieillira en beauté et que nous continuerons à accomplir tout ce qu’on aime, comme les beaux exemples qu’on nous montre dans les médias. Après tout, on a le temps maintenant de faire ce que l’on aime et souvent ce dont on a rêvé toute notre vie, les voyages, les activités physiques et sociales, les bonnes bouffes au restaurant et à la maison, s’occuper de nos petits-enfants, la belle vie quoi!
La réalité est tout autre, soyons honnête. Et quand la maladie s’incruste dans notre vie, que pouvons-nous faire?
On entend souvent les gens dirent qu’ils vont la combattre. Pouvons-nous vraiment nous battre contre la maladie? J’en doute fortement, surtout quand ça fait partie du vieillissement. Des articulations qui veulent moins suivre, des trous de mémoire, des douleurs vives chroniques, une audition qui baisse, une vue moins perçante, on ne peut pas y faire grand-chose.
Bien sûr, des habitudes de vie saine sont salutaires et peuvent aider grandement. On doit continuer à le faire du mieux possible. Mais ça ne guérit pas tout…
C’est une bataille souvent perdue d’avance et qui ne peut que nous amener à de vives déceptions.
Alors, la meilleure solution n’est-elle pas d’accepter de vivre avec notre état. Parfois, c’est minime, comme un mal de dos handicapant. Ce qui est mon cas. Une hernie discale (L5-S1) et quelques sténoses à la colonne vertébrale, m’affligent depuis plusieurs années déjà. Certains mouvements sont devenus pénibles et parfois même impossibles. J’ai appris à vivre avec, j’ai modifié mon mode de vie pour pouvoir continuer à être active tout en respectant les limites de mon corps. Et ça va bien…
Tout n’est pas parfait, certains jours j’ai de la frustration pour ne pas dire de la colère, d’être ainsi limité dans ma vie. Par exemple, je ne peux être la grand-maman que j’aurais aimé être.
Mais à quoi ça me servirait de pleurer sur mon sort, encore une fois je pense que l’accepter et vivre avec est la meilleure option.
Je vois des personnes vieillissantes autour de moi qui se battent contre la maladie, qui veulent absolument continuer leur vie comme s’il n’y avait rien. Ce faisant, elles prennent des risques inutiles et leur vie n’est qu’une longue bataille sans fin.
Beaucoup croit à la pensée magique, prenons des vitamines et nous irons bien. Et ainsi, elles se privent d’aide et de soutien. C’est déjà si difficile d’en avoir, pourquoi la tasser.
Soit on est vieux, soit on est jeune selon l’image populaire. Le mot vieux ayant un sens tellement péjoratif qu’on ne veut surtout pas le prononcer passer 65 ans… même si on accepte aisément de recevoir la « Sécurité de la vieillesse ». (J’ai reçu des commentaires en privé comme quoi l’utilisation du mot « vieux » ne les interpellait pas puisqu’ils se considéraient jeune de cœur, moi je pense que ce mot fait partie autant de la vie que le mot « jeune »).
On partage les exemples de personnes âgées faisant un marathon ou dansant avec agilité, c’est ça qu’être vieux doit représenter à nos yeux. Pourtant, on s’entend qu’il s’agit que de personnes hors de l’ordinaire, sinon elles n’impressionneraient pas tant sur les réseaux sociaux. C’est l’inattendu qui y est admiré.
Ces jours-ci, circulent dans les médias l’histoire d’une dame de 79 ans qui s’occupe elle-même de la mécanique de son automobile. On s’extasie sur son cas… encore une fois! On ne veut montrer que le rare, ce qui nous fait rêver d’une vieillesse sans problèmes.
Ce qui est blessant avec de telles images, c’est que ça nous renvoie l’idée de culpabilité si on n’est pas capable d’en faire autant. Fais attention à toi, mange bien, fais de l’exercice et tu pourras faire tout ce que tu veux. On sait que c’est faux, mais on n’ose pas l’avouer. On aurait l’air de perdant.
La maladie ne frappe pas que ceux qui ont été négligents avec leur santé dans leur vie, elle frappe aussi ceux qui ont pris soin d’eux convenablement.
J’ai une amie qui est décédée d’un cancer du sein à 54 ans. Cette amie n’avait jamais fumé, elle était active, suivait des cours de danse avec son mari, mangeait bien (c’était une bonne cuisinière), elle avait fait des études avancées. Et la maladie l’a atteint, sans possibilité de retour en plus. Était-ce sa faute? Qui oserait dire ça.
Alors même devant des personnes qui n’ont pas toujours fait attention à tout, je ne veux pas juger… Chacun a le droit de ne pas être parfait sans que ça entraîne la maladie automatiquement.
Sinon tout le monde devrait culpabiliser, et ne vivrait pas le moment présent.
Plus on vieillit, plus on a des limites par rapport à notre jeunesse, la meilleure option reste pour moi l’acceptation. Et d’adapter notre vie en conséquence de nos handicaps.
Mon conjoint m’a dit l’autre jour, parce que j’essayais de l’aider, « je ne suis pas un infirme » et moi de lui répondre, oui tu es handicapé. Je suis certaine qu’il n’a pas aimé ma réplique, à juste titre, c’était un peu dur de ma part j’en conviens. En même temps, vieillir vient avec des handicaps, et c’est là que je dis qu’il vaut mieux l’accepter et s’adapter.
Les animaux nous montrent l’exemple là-dessus. Ma fille a une chatte âgée de 13 ans (ce qui est considéré vieux pour la gent féline). Dernièrement cette dernière a perdu la vue. Une visite chez le vétérinaire l’a confirmé. Elle ne voit plus par suite d’une crise de glaucome. Rien à faire, c’est irréversible. Pourtant, elle continue sa vie comme avant. Elle n’a rien changé à ses habitudes, sinon qu’elle est plus prudente. Je suis ébahie de voir tout ce qu’elle accomplit malgré son état. Je trouve que les animaux nous donnent une belle leçon de vie, la belle Maïa s’est adaptée à sa vie malgré son handicap.
Notre vieillissement va irrémédiablement nous amener vers la fin, c’est certain. Certaines maladies seront plus handicapantes que d’autres. Dans certaines situations, même la notion de s’adapter ne sera pas possible, ce sera l’abandon, le lâcher-prise qui permettra de vivre cette étape pénible.
Dans le vieillissement ordinaire, je ne veux pas passer le reste de ma vie à me battre, je préfère accepter, pour vivre plus sereine. Comprenons-nous bien, je dis accepter pas abandonner. J’accepte de prendre l’aide pour me soulager quand c’est possible.
Profiter de la vie au jour le jour, à la mesure de nos capacités, me semblent un chemin plus harmonieux.
On vieillit tous, le privilège c est de pouvoir garder ses amis et les membres de sa famille. Certaines personnes nous quittent n ayant même pas eu leur premier chèque de la pension de vieillesse. Mon souhait c est de ne pas avoir des bobos majeurs.
Bien d’accord!
Une psy que j’ai rencontrée il y a plusieurs années m’avait dit qu’un passage harmonieux dans la vie se fait selon notre capacité d’adaptation aux différentes étapes. J’y pense souvent. Merci pour ce beau texte.