
J’ai la chance d’avoir deux enfants en bonne santé, physique et mentale, qui me rendent très fière par leur cheminement de vie. Il en va de même pour mes trois merveilleuses petites-filles, toutes nées en pleine santé.
Je n’ai donc pas eu de frousses de toute ma vie en ce qui concerne leur immortalité. À part un incident inquiétant au moment de la naissance de mon fils qui n’a donné aucunes séquelles. Je n’ai même jamais songé à leur avenir négativement. Pour moi, nos enfants nous survivront et je voyais cela comme la normalité., un peu égoïstement je le crains. J’ai toujours pensé qu’ils seraient là dans mes vieux jours et que je pourrais compter sur eux. Avouez, que je ne suis pas la seule à penser ainsi!
Mais dernièrement, des histoires tristes autour de moi m’ont fait grandement réfléchir.
J’ai lâcher-prise il y a longtemps sur le vécu de mes enfants. Ils mènent leur vie à leur façon et je vis très bien avec ça. On se côtoie dans le bonheur, c’est ça le principal pour ma vie de maman vieillissante. Et je connais leur bonne volonté d’être là pour moi aussi.
Puis tout à coup, je réalise qu’ils pourraient avoir des problèmes de santé et que leur vie chamboulée par cet état, les éloignerait de moi. Un doute s’est emparé de moi. Je crains pour eux d’abord bien sûr mais aussi un peu pour moi, mon cœur de maman se briserait assurément.
Lorsqu’ils étaient petits, j’ai souvent craint le pire, sans raison valable en général. J’ai couru les médecins et les hôpitaux pour m’assurer qu’ils reçoivent les meilleurs soins et soient le plus en santé possible. C’est inimaginable de penser qu’un enfant pourrait souffrir de séquelles d’une maladie ou pire qu’il nous quitte.
Bizarrement, j’ai un peu oublié ça en vieillissant. Peut-être l’éloignement physique dans mon quotidien a-t-il permis que j’y pense moins. Ils se soignent eux-mêmes bien sûr, ils n’ont plus besoin de maman pour ça. Je leur fais donc confiance.
La jeune quarantaine a son lot de problèmes de santé… on voit autour de nous que cet âge apporte son lot de soucis. Et c’est l’âge vénérable que mes enfants ont atteint.
Autour de moi, plusieurs de mes amis me racontent des situations d’inquiétudes qu’ils vivent par rapport à leurs propres enfants. Parfois pour rien, mais parfois avec des faits pertinents.
C’est la réalité du quotidien de nos enfants qui les rattrape. On vit dans un monde où l’anxiété règne en maître. Le dur labeur de leur vie professionnelle ne leur donne pas beaucoup de répit non plus. Et ajoutons à ça, la vie de famille qui n’est pas sans soucis.
Comment les aider alors? Comment leur apporter le support dont ils ont grand besoin? Nous sommes si peu utiles, surtout avec nos propres contraintes de santé.
Je ne peux m’imaginer ma vie sans eux. Je réalise la douleur que tous ces parents ont dû vivre face à la maladie de leurs enfants, même adultes. Ou pire de les laisser partir, dans la sérénité, quelle abnégation de soi doit-on vivre!
C’est certain que nous sommes passés par là nous-aussi. Nous avons élevé une famille dans une société en pleine évolution, souvent en inventant un nouveau mode de vie. Ça n’a pas été sans anxiété puisqu’on ne savait de quoi serait fait nos lendemains.
Mais il faut bien regarder la vérité en face, nos enfants évoluent dans un monde différent du nôtre. Le système de santé est bien malade, sera-t-il capable de prendre en charge leurs problèmes adéquatement?
Et vous, êtes-vous inquiets pour vos enfants? Est-ce que cela vous crée de l’instabilité dans votre vie? Est-ce que vous essayez de les tenir éloignés de vos problèmes, pour ne pas en rajouter aux leurs?
« Maman un jour, maman toujours » ai-je dit à une amie dernièrement! C’est bien vrai…
L’inquiétude par rapport à nos enfants je la vis tous les jours, exactement comme tu le décris. Mais régulièrement je dois me faire violence pour ne pas laisser transparaître mon manque de sécurité car ils m’ont, chacun d’eux, laisser entendre à mots à peine voilés qu’ils entendent faire leurs expériences sans le regard des parents. Je pense qu’ils ont raison mais que tout de même ils évoluent avec les principales valeurs que nous leur avons inculquées. Bien sûr ici je ne parle que de mon expérience personnelle de papa de 2 enfants magnifiques. Et dans tout ça moi aussi j’apprends, je vieillis, je fais confiance à la vie et j’aime.
Tellement vrai et beau ce que tu écris!
Mes 3 enfants sont ma vie et en mars 2022, le 2e enfant qui avait 43 ans à ce moment là a été diagnostiqué avec un cancer de l’estomac. J’accompagne mon fils pour ne pas qu’il soit seul en ce 17 mars chez l’encologue chirurgien. Il nous dit : « vous avec un cancer stade 4… 14 mois à vivre et une multitude de métastases sur les ganglions » – Un cauchemar mon Dieu. J’ai resté calme et Richard aussi mais… mon coeur de mère a souffert et souffre encore.
J’ai fait mes valises et depuis le 1er avril 2022 je suis chez Richard à St-Come pour qu’il soit chez-lui avec ses chiens. C’est ce qu’il voulait.
Il fait de la chimiothérapie (23e) et souffre à tous les jours malgré tout. Je sais qu’il aura 45 ans en avril et on ose croire qu’il s’y rendra. Je prie beaucoup. Merci de me donner la chance de m’ouvrir un peu. Pas facile… non… pas facile.
Je suis de tout coeur avec toi Louise.