
Hier j’assistais à une rencontre pour les proche-aidants. Je m’identifie à ce groupe maintenant, même si pour moi aider mon proche est la normalité.
L’animatrice nous a fait réfléchir à différentes valeurs que nous pouvions avoir ou que nous désirions avoir… plusieurs thèmes intéressants : planification, confort, inspiration (créativité), perspicacité, que je considère avoir. Puis aussi, effort (physique dans mon cas), détachement que je recherche.
Mais la valeur que je ne savais pas trop où mettre était « espoir ». Je ne la recherche pas, mais je ne l’ai pas non plus.
Depuis, je jongle à cela et me pose la question si ce mot n’est pas tout simplement à oublier quand on vieillit. J’entendais Janette Bertrand cette semaine dire qu’elle avait l’espoir de cinq petites années de plus. En sommes-nous vraiment réduit à ce seul espoir en vieillissant, grapillé des années de survie?
À quel espoir pourrais-je vouloir m’accrocher. Ma vie est plus derrière moi que devant. Et de cela je ne m’en plains pas. Je suis assez fière du chemin parcouru. Je pense avoir fait de mon mieux même si j’ai plié les genoux parfois.
Mais devant, je ne sais pas trop ce qui m’attend. Ou peut-être que si je le sais, mais je préfère ne pas trop y penser.
J’ai eu à passer un peu de temps dans le système hospitalier dernièrement. Mon cas n’était pas très préoccupant, mais j’ai vu tant de souffrances autour de moi que j’en étais presque gênée de dépenser le temps de ces aidants tout autour.
Ma vie est confortable, je n’ai à me plaindre de rien. Je me considère choyé par la vie. De bons enfants, des petits-enfants en santé qui grandissent en beauté (dans tous les sens du terme), des amis généreux, je le répète la vie est bonne pour moi.
Mais je n’ai plus d’espoir, je ne rêve plus. De quoi pourrais-je rêver? Un voyage, j’ai pratiquement fait le tour du monde, j’ai des tonnes de photos pour en témoigner. Et mon corps vieillissant n’y prend plus autant de plaisir. Mon chez-moi est beaucoup plus relaxant. Et je peux voyager tant que je veux à travers l’écran de mon ordinateur. Cela dit, je respecte ceux qui y trouvent encore leur bonheur et je savoure le récit de leurs voyages aussi.
J’ai eu une carrière où j’ai gravi les échelons, au fil du temps. Ça n’a pas toujours été facile certes, mais je suis aussi assez fière de ce que j’ai accompli.
J’ai eu une vie sentimentale un peu en dents de scie, mais je m’en suis assez bien sorti finalement.
Ma santé est déclinante certes, le poids de l’âge fait son effet. Et probablement un peu aussi quelques petits manquements dans le quotidien, côté nourriture et exercices (ce qui n’a jamais été ma tasse de thé comme on dit). Mais encore une fois, rien de majeur, je peux vaquer à la majorité de mes activités sans trop de difficultés.
J’ai de l’empathie pour les gens autour de moi. Plusieurs nous ont quitté dans les dernières années. Alors je ne ressens plus la pression d’il faut se voir avant qu’on ne se voit plus. Je les porte dans mon cœur en tout temps. Ce n’est pas la quantité de rencontres qui est importante, mais la qualité de ces rencontres.
D’ailleurs, je fréquente régulièrement ceux qui m’aiment. Ça aussi, en vieillissant, j’ai appris à ne plus m’accrocher à ceux qui ne m’aiment pas.
Mon quotidien est rempli d’activités de toutes sortes, des activités qui me plaisent et qui me donnent du bonheur. J’évite autant que possible tout ce qui est perturbant. Privilège de l’âge encore une fois, on peut choisir ce qui donne un sens à notre vie, sans s’inquiéter de ce que les autres en pensent.
Alors je vous le dis, à quoi peut servir le mot « espoir » quand on vieillit. Ce serait un bouquet d’inquiétudes car seul ce qui viendra après le côtoie. Je pense donc bannir cette valeur de mes épaules… je vis au jour le jour et je profite du moment présent autant que possible.
Je crois qu’à notre âge le questionnement est valable. Bien sûr, on n’espère plus de la même façon. Moi, j’espère que mes petites-filles auront une bonne vie, qu’elles sauront tirer leur épingle du jeu. Je les veux fortes. Je ne serai probablement pas là pour en témoigner mais j’espère. Nous sommes toutes responsable de notre bonheur. Faut savoir apprécier les petits plaisirs, se fixer un défi à relever et essayer de réussir. Je suis toujours surprise de constater que mon temps m’appartient maintenant et que je peux faire ce que je veux. Les seules contraintes viennent de mon corps. Je m’adapte. Et j’espère.
Merci pour ce commentaire, je le trouve tres bien dit et très approprié.