
On a tous le cœur en bouillie quand on se remémore nos noëls d’antan. La féérie de ces années magiques met un baume sur notre vie d’adulte.
Pourtant, chaque génération a ses propres traditions à ce niveau. Et même chaque région a ses propres traditions de Noël.
Pour nous, c’était le réveillon, la bonne bouffe qui nous attendait au retour de la messe de minuit. Mais d’abord, c’était le dépouillement de l’arbre de Noël. Il y eut rarement un Père Noël dans mes souvenirs d’enfant, c’était surtout maman qui en faisait le service. Et, en plus de faire la distribution des cadeaux, elle avait aussi prévu (et cuisiné) le repas que nous prendrions par la suite. Je ne me souviens même pas qu’on lui ait donné un coup de main pour quoi que ce soit. Quels enfants ingrats nous étions. Tout à notre joie de cet événement fabuleux, aucune tâche ne semblait s’y rattacher.
Mes parents avaient décidé après leur mariage de célébrer avec leurs enfants cet épisode de leur vie de famille. Mais parfois, nous avons partagé cette belle fête avec cousins et cousines, des moments de pur bonheur aussi.
Pour ce faire, ils avaient laissé tomber la tradition qui venait de leurs propres parents. Pour ma mère, son Noël d’enfant fut bien différent, peut-être y trouvait-elle moins d’attachement. Elle était grande m’a-t-elle raconté quand ils ont eu un arbre de Noël et il fut décoré avec l’argent de ses sœurs et un peu du sien aussi (commandé par catalogue, l’ancêtre des commandes en ligne).
Elle tenait à aller visiter son père au Jour de l’An. Ils en profitaient pour visiter toute la parenté qui vivait dans la région. La bénédiction paternelle était pour ma mère, une part importante de ce début d’année nouvelle. On n’a guère conservé cette tradition plus tard. C’était pourtant mon rôle d’aînée.
Il n’y avait pas tant de décorations chez-nous non plus. Je me souviens du sapin de Noël, naturel pendant plusieurs années, installé dans ce que l’on appelait le solarium, une pièce très froide en hiver. Derrière les portes battantes, nous pouvions l’apercevoir à travers les vitres. Mais les cadeaux n’apparaissaient qu’à notre retour de la messe, miraculeusement.
Plus tard, nous avons voulu conserver cette tradition familiale. Ce ne fut pas facile. Avec la venue de chacun de nos enfants, des conjoints qui avaient aussi leur propre tradition familiale, et même de nos petits-enfants un peu plus tard. Ce fut un peu cahoteux par moment, il a fallu beaucoup de bonnes volontés pour adapter nos différents modes de vie. Sans compter, l’éloignement par la distance qui s’est invité à l’histoire.
Notre père avait décidé de prendre le rôle du Père Noël avec la venue de ses petits-enfants (ce qu’il n’avait jamais voulu faire avec ses enfants). Son départ a bouleversé ces moments de plénitude. La peine de chacun se traduisait différemment de l’un à l’autre, mais elle était bien présente et a creusé un vide immense.
Aujourd’hui, je regarde ce qu’est devenu cette fête et je ne m’y reconnais plus autant. Je dis souvent que les plus beaux moments de Noël se passent avant la date festive. Les décorations et la musique de Noël crée la magie de mon enfance. Il faut quand-même admettre que c’est une façon de s’accrocher à mes souvenirs heureux.
Je reconnais que tout évolue, qu’il faut s’adapter aux nouvelles façons de faire. Les familles éclatées ont amené à réfléchir à de nouvelles formes de célébration.
La fête est restée, elle a perdu de sa saveur d’antan, chacun lui trouve une nouvelle signification (nonobstant notre religion puisqu’à l’origine, c’était la fête de la lumière, donc encore bien d’actualité). C’est un temps d’arrêt pour beaucoup de monde. C’est l’occasion de revoir des amies, de la famille. On y met ce qu’on aime, ce dont on a envie. J’admire la génération actuelle qui est capable de partager le bonheur avec ceux qui leur sont réellement proches.
Pour ma part, j’ai créé une nouvelle tradition aussi. Et cela me permet de revoir presque tout mon monde puisque j’ai déplacé cette fête à un peu plus tard. C’est ainsi un grand bonheur dans ma vie.
Ça me laisse un certain temps de réflexion, un moment où le temps s’arrête et où l’on peut faire des plans pour l’année à venir. J’aime bien. Et je garde toujours une place pour ma maman durant cette période bien sûr.
Il se peut que ma tradition ne perdure pas. Ce sera correct, je vais tout faire pour m’adapter.
Ça ne m’empêchera pas d’avoir le cœur rempli d’amour!
Pour moi, Noël, c’était la messe de minuit avec ses chants, le réveillon et, surtout, le bas de Noël. J’ai gardé le bas avec mes enfants et c’était important pour eux aussi. La pomme a été remplacée par la pomme grenade et l’orange par autre chose.
J’adore!❤