Si votre enfance vous a laissé un très bon souvenir comme moi, je suis certaine que là où vous logiez avec vos parents, étaient un havre de joie et de paix.

Chaque fois que le frère de mon conjoint venait à Montréal, il ne manquait pas de partir en pèlerinage sur les chemins des différents endroits où ils avaient habité. Se remémorant au passage les bons et sûrement les moins bons moments. Mon conjoint a fait des séjours dans deux orphelinats sous un faux prétexte, l’un étant que son père était décédé et l’autre que sa mère était décédée. En fait, il était surtout l’enfant caché, l’enfant du péché, conçu avant le mariage de ses parents. Même si ses séjours en orphelinat ne sont pas ses meilleurs souvenirs, il aurait aimé revisiter les endroits où c’était situé.

Disons que depuis ma vie commune avec lui (36 ans), j’ai entendu très souvent les récits de ces différents endroits où il a séjourné… la rue St-Dominique en étant un incontournable. Il y a eu aussi la Petite Italie où il a vécu à quelques reprises et dont il avait gardé la recette d’une excellente sauce à spaghetti dont nous avons eu la chance de goûter à plusieurs reprises.

Pour ma part, malgré un court séjour d’abord à Lachine, puis à St-Henri, je suis arrivée dans la ville de St-Hubert vers l’âge de 3 ans. Mes souvenirs y sont donc surtout concentrés. Notre maison rose et jaune, comme j’aimais à la nommer à quiconque venait m’y reconduire ou m’y chercher, surpassait le numéro de porte, tellement insignifiant, tant elle se démarquait d’abord par sa couleur. Ma mère s’en défendait bien, c’est elle qui avait choisi les couleurs, c’était saumon et jaune.

Aujourd’hui, la maison ne ressemble plus du tout à celle de mon enfance. Mon frère en a été propriétaire quelques années. Plusieurs aménagements l’ont modifié. Ma fille y a même été locataire et j’ai tellement été déçue de la revoir si petite et si différente de mes souvenirs.

Je reste curieuse de revoir la rue où elle est située. Au fil du temps l’environnement a beaucoup changé. Le fameux Hôtel Aviation, situé au tout début de la rue, n’est plus, remplacé par un petit centre d’achat. La maison de Madame Drouin a été remplacé par une habitation à multiples logements. Elle était pour moi, si mystérieuse. Le motel R-100 y est toujours, est-il encore fréquentable, je me pose la question de temps en temps. Mais sa cote semble bonne.

Grâce aux réseaux sociaux, j’ai retrouvé plusieurs ami(e)s du voisinage. Malgré le caractère non résidentiel de cette rue, on y a vécu de belles relations. J’en garde de très beaux souvenirs.

Parfois, je vais voir sur « Google Maps » ce que cette rue devient… c’est tellement rempli d’émotions que de m’y promener.

Pour mes enfants, il n’y a pas eu la maison de leur enfance. Nos nombreux déménagements et ma séparation d’avec leur père, a un peu gâché leurs souvenirs. Pour eux, la maison de leur enfance, c’était la maison de mes parents à St-Lucien (près de Drummondville) qu’ils avaient bâti eux-mêmes. C’est ce que mes enfants ont connu de plus stable, mes pauvres chéris. Quand ma mère a vendu sa maison, quelques années après le décès de mon père. Ils en ont été très malheureux. Ma fille m’avait même dit que, si elle avait été plus âgé, elle l’aurait acheté.

Pire, cette même maison a été détruit par un incendie. Ma mère qui l’a visité par la suite m’a dit que ça n’avait rien à voir avec SA maison.

Nous avons tous au fond de notre cœur une maison qui nous a marqué. Est-ce parce que nous avons besoin de nous ancrer dans la terre? Un besoin viscéral de la race humaine.

Je repense souvent à ma maison de Rosemère. Je n’aime pas trop aller la revoir car je crains que les changements me chagrinent. Mais parfois, je ne peux m’en abstenir, c’est plus fort que moi. Elle a eu une grande importance pour moi, elle fut le renouveau dans ma vie, la structure qui m’a donné mon indépendance et mon autonomie en tant que femme, puisque je l’avais acheté toute seule.

Mes enfants aussi aiment retourner la voir, je suppose que les souvenirs qu’ils y ont vécu demeurent importants pour eux. Et ça me remplit de bonheur que de le savoir.

J’ai l’impression que plus on vieillit plus notre passé prend de l’importance, dont les maisons qui nous y ont vu défilé.

Et vous, avez-vous des maisons de votre enfance qui sont importantes pour vous? Des maisons que vous retournez voir à l’occasion pour combler ce sentiment d’appartenance dont on a tous besoin.