
Je suis l’aînée d’une famille de 4 enfants, on m’a donc appris très jeune à être responsable. C’est à la fois une tare et une qualité qui m’ont suivi toute ma vie.
De la responsabilisation découle, prendre des décisions. Toute ma vie, j’ai dû en prendre. J’ai l’habitude d’analyser profondément mes décisions mais parfois, il m’a fallu puiser dans mon expérience pour le faire parce que la rapidité s’imposait.
Très jeune, j’ai fait des choix entre une vie de jeunesse libre et devenir la gardienne attitrée de plusieurs familles autour de chez-moi. Il faut être franc, ce n’est pas l’amour des enfants qui m’a fait prendre la décision d’aller les garder (même si je les aimais bien), moyennant rémunération par les parents, mais bien le revenu intéressant qui me permettait d’avoir une certaine liberté dans ma vie de jeunesse. Une décision à double tranchant comme on dit, puisque cet emploi m’enlevait la liberté de profiter pleinement de la vie (comme tous les jeunes qui ont un emploi à temps partiel).
Puis c’a été la décision de vie commune avec l’amoureux de ma vie. Une autre décision difficile puisque j’ai dû briser un lien affectif avec mes parents qui ne comprenaient pas notre choix de ne pas nous marier. Mon fiancé l’avait déjà été et malgré les mœurs de l’époque, nous avons passé outre. Une autre décision complexe. Heureusement, mes parents ont fini par en accepter l’inévitable et m’ont permis de revenir près d’eux.
Il y a eu les décisions personnelles pour la santé aussi. À 31 ans, on m’a détecté un problème de santé, l’endométriose. Je souffrais depuis 20 ans (j’ai débuté mes règles à 11 ans) chaque mois, une douleur intense qui me faisait perdre tous mes moyens. Ayant déjà 2 enfants, qui remplissaient ma vie de joie, j’ai accepté (et pris la décision) que je n’aurais pas d’autres enfants. Mais je le faisais aussi pour éviter d’insérer la peur dans la vie de ma fille qui risquait de vivre cette même situation plus tard. Une décision que je n’ai pas regrettée mais qui m’a fait quelques pincements au cœur quand j’ai rencontré le 2e homme de ma vie et que j’ai réalisé que je ne pourrais pas avoir d’enfants avec lui, lui qui n’en avait pas.
Plusieurs décisions, lors de ma vie professionnelle de gestionnaire, m’ont aussi fait craindre le pire. On est seul quand on prend la direction d’un groupe d’employés. Nos décisions peuvent entraîner des conséquences importantes. Mais il faut d’abord les penser pour le bien-être du groupe. Sans compter qu’on reçoit parfois des directives de plus haut qui nous oblige à imposer des décisions hors de notre contrôle. J’ai eu souvent des pincements au cœur en appliquant mes décisions, parfois utiles, parfois futiles.
On pense qu’avec la venue de la retraite, la prise de décisions s’atténue. Mais non, il faut choisir alors l’orientation qu’on va donner à sa vie. On continue au bras de celui (ou celle) qui partage notre quotidien depuis si longtemps. Puis le bras se distancie du nôtre, et encore une fois, les décisions sont pénibles au cœur. Il se peut que, déjà l’amour se soit effrité, le poids des ans faisant bifurquer notre plan de vie. Mais le pire, c’est la santé déclinante qui nous oblige encore à prendre des décisions crève-cœur.
Aujourd’hui, au seuil de ma vie d’aînée, je sais que des décisions viendront parsemer mon chemin. La santé, les finances, les enfants, la famille, toute nos valeurs sont investies de changements.
Donc, il n’y a jamais de finalité à la prise de décisions. Elle nous accompagne toute notre vie sans relâche. Impossible de rêver à une vie sans avoir à réfléchir.
J’apprécie votre texte démontrant que dans la vie, pour 99% des humains, la vie rarement un long fleuve tranquille. Notre parcours terrestre est jalonné de défis, de moments heureux et tristes, de remise en question et de virages de toutes sortes avant de reprendre la ligne droite.
Vous avez tout compris mon propos!