
J’ai reçu ce mois-ci mon dernier exemplaire de ce magazine légendaire. C’est étrange, j’aurais dû le savoir mais il semble que mon cerveau avait décidé de l’oublier. Un pan de ma vie qui se tourne certainement.
J’ai découvert cette revue grâce à mon papa. Et curieusement, la dernière parution sera celle d’avril, le mois de l’anniversaire de naissance de mon père.
Lorsque j’étais enfant, il le lisait religieusement. C’était la revue pour la salle de bain où il passait beaucoup de temps, pour le plus grand déplaisir de notre nez.
Étant né en 1927, je pense qu’il a dû lire la plupart des parutions. À son décès, il avait une impressionnante collection de tous les magazines, achetés au fil du temps, qu’il avait conservé. Malheureusement ma maman a crû bon de s’en départir, j’aurais aimé les conserver. Mais bon, il faut parfois faire un trait sur le passé pour aller de l’avant, je ne la blâme pas.
Toutefois, je me suis alors abonnée à cette revue que je recevais mensuellement. Ce fut une excellente lecture, de petits articles courts mais qui nous instruisaient sur des sujets variés et nous divertissaient tout à la fois.
La revue m’a aussi servi à donner le goût de la lecture à des gens autour de moi que ça avait toujours rebuté. Mon ex-conjoint par exemple, ne lisait pratiquement pas quand je l’ai connu. Lors d’un emploi de nuit, je lui faisais la lecture du Sélection par téléphone (il était alors gardien de sécurité), de petits articles pas trop longs mais qui le captivaient. Peu à peu, il en est venu à vouloir le lire lui-même, puis il s’est mis à vouloir lire des livres aussi.
Même chose avec mes enfants, la revue étant toujours disponible (toujours à la salle de bain, comme mon père le faisait), ils ne manquaient pas d’en lire quelques pages à leur tour.
J’ai encouragé la lecture dès le très jeune âge à mes enfants, mais je suis persuadée que la revue Sélection, fut un atout indéniable dans l’apprentissage et le plaisir de lire.
Après le décès de mon père, je me suis mise aussi à apporter le magazine à ma mère, dès que j’en avais fait le tour. Maman n’aimait pas particulièrement lire mais elle aimait bien le Sélection où les articles pas trop longs, ne la décourageait pas et meublait ses moments de solitude. Je soupçonne aussi qu’elle a ainsi développer le goût de la lecture à son tour. Avec le temps, le caractère trop petit du Sélection toutefois, l’a fait en abandonner la lecture. Mais elle a commencé à lire des livres plus volumineux.
Durant ma carrière, j’ai aussi eu une cliente qui travaillait pour le Sélection du Reader’s Digest. J’ai eu la chance d’aller la rencontrer sur son lieu de travail pour ses affaires personnelles. Mais quel moment de gratitude j’ai vécu, de me retrouver dans cet édifice qui abritait ma revue préférée.
Depuis quelques années, je voyais bien que sa parution déclinait. Ils ont commencé par diminuer le nombre de pages. Je voyais ma revue de plus en plus mince. Puis, au lieu de 12 revues par année, on est passé à 10. Le compteur de mise à zéro avait déjà commencé.
Ils ont bien tenté le « en ligne », mais bien que je sois une adepte de la technologie moderne, lisant la plupart de mes livres sur une liseuse électronique, je ne me suis pas adapté. Je n’ai pas poursuivi ma lecture en ligne de mon Sélection. Je porte ma part de responsabilité dans son déclin. J’ai pourtant très bien passé l’étape du papier au numérique avec La Presse.
C’est donc avec une grande tristesse que je le vois sortir de ma vie irrémédiablement… Mais la vie est faite de portes qui s’ouvrent et se ferment. Je ne vis pas de deuils pour la première fois, et sûrement pas pour la dernière fois non plus. C’est la vie!
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