L’amitié ça n’a pas d’âge, je crois que ça transcende les générations.

Si le sentiment ne change pas, l’émotion qu’elle évoque a beaucoup évolué.

On peut être ami sur les réseaux sociaux par exemple, sans que ça ait le sens profond qui définit le sentiment.

Récemment, en communiquant avec une personne, j’ai réalisé que nous n’avions pas la même définition de l’amitié. Pour cette personne, l’amitié c’est pouvoir la fréquenter en personne, de façon régulière. Ça m’a fait réfléchir sur ma perception de l’amitié.

Pour moi, l’amitié avait une résonnance plus large. Une relation épistolaire, par exemple, peut être définie comme de l’amitié. Évidemment, à la condition que ces communications aillent dans les deux sens.  L’écoute de l’autre peut prendre bien des formes de communications.

Mais il en va ainsi de l’amitié de toute façon, il faut toujours qu’il y ait un retour. Sinon, il ne s’agit que d’un attachement, à la limite de la dépendance affective.

Mon dictionnaire définit ainsi l’amitié : « C’est un sentiment réciproque qui engage deux personnes l’une envers l’autre ».

Du plus loin que je me souvienne l’amitié a toujours pris une place importante dans ma vie. J’irais même jusqu’à avancer que ça a pris plus d’espace dans ma vie que l’amour.

De mon enfance où ma première grande amie fut ma cousine (et voisine) Gislaine. Je l’ai déjà raconté ici, cette amitié perdue lorsqu’elle a quitté ce monde, me fait encore souffrir.

Car une peine d’amitié peut être aussi douloureuse qu’une peine d’amour, peut-être même plus. Surtout dans la situation où c’est une mort tragique qui nous sépare.

À l’école, primaire et secondaire, les amitiés se sont succédé, certaines disparues avec le temps mais d’autres encore bien vivantes. Certaines retrouvées après de longues années d’absence (ici, je peux même dire merci aux réseaux sociaux pour ces retrouvailles merveilleuses).

À l’âge adulte, j’ai d’abord laissé toute la place à ma famille qui faisait foi de l’amitié et de l’affection que je leur portais. Ce fut une douce période où l’entraide a contribué à mettre un baume sur certains aléas de la vie. Je me suis toujours considérée choyée d’être si bien entourée, d’avoir cette relation privilégiée avec mes frères et ma sœur.

Puis le temps a fait son œuvre et chacun a fait son propre chemin, nous éloignant par les affinités différentes et/ou les contraintes de la vie. L’affection est restée mais le partage fut moins présent.

La venue de mes enfants a aussi rempli mon côté maternel, quelle joie que d’aimer ces petits êtres qui nous le rendaient bien. En grandissant, ils sont peu à peu devenus des amis formidables.  

Même chose du côté de mes parents, en particulier de ma maman qui continue à jouer un rôle d’amitié dans ma vie, tout en incluant notre relation mère-fille.

Les relations de travail m’ont laissé de grandes amitiés aussi.

Et bien sûr, même notre relation de couple est remplie d’amitié au fil du temps.

Mais à l’aube de ma vie d’aînée, je me pose des questions sur la place de l’amitié dans ma vie. Je suppose que beaucoup d’autres ainées se posent ou se sont posé la même question.

On les voit d’abord partir peu à peu, la grande faucheuse nous les enlevant trop brutalement. Ces disparus de notre vie terrestre nous apportent un pincement au cœur quand on pense à eux.

On s’en fait de nouveaux, qui partagent nos loisirs et nos plaisirs de la vie la plupart du temps.

On soigne l’affection pour ces amis qui souffrent et dont la fin de vie approche.

Avec le temps, j’ai aussi compris que j’aurais plusieurs amis, selon les affinités variées qui nous caractérisent les uns les autres. Le temps du meilleur ami a fait son temps justement. Est-ce la sagesse du vieillissement?

Je comprends mieux maintenant que les amis peuvent devenir notre famille. Notre génération (baby-boomers) avons eu moins d’enfants, les familles sont peu nombreuses, les amis prennent ainsi plus de place.

Oui, l’amitié est un bienfait en ce bas-monde et je ne peux que me trouver choyée d’être si bien entouré.

Alors pour la nouvelle année, je vous souhaite à tous de bien soigner vos relations d’amitié et d’en profiter pleinement tout au long du parcours à venir.