En cette ère où il est si facile de partager notre vie et nos émotions sur les réseaux sociaux, que deviens la famille. Havre de solidarité et d’appui indéfectible à travers les temps.

La signification en a bien changé. Je m’y suis accrochée longtemps comme une bouée de sauvetage pour mes jours un peu plus moroses. Je ne regrette rien, j’ai vécu des moments si heureux entourés de ma famille, que les souvenirs qu’ils en ont laissé sont impérissables.

Mais les temps ont changé, chacun a pris des chemins qui lui sont propres. Ça m’a juste pris du temps pour le comprendre et m’a causé quelques tristesses accablantes.

Les dernières années m’ont donc fait réfléchir sur le sens du mot « famille ».

Je comprenais difficilement la vision de notre descendance qui semblait largement préféré la compagnie d’amis et même de groupe d’amis. Comme une sorte de nouvelle famille qu’ils s’étaient forgés par eux-mêmes. De ce fait, il délaissait les proches dit « biologiques ».

Les dernières fêtes de famille (qui datent d’avant la pandémie), peu de petits-enfants s’y sont présentés, occupés ailleurs, rencontres qu’ils priorisaient selon toute vraisemblance.

J’avais inculqué la notion de « famille » à mes enfants, si forts qu’ils étaient souvent les seuls à se présenter à ces rassemblements que, la plupart du temps, j’avais moi-même organisé.

Ils m’en voudront peut-être aujourd’hui (ou pas) de modifier ma façon de voir cette appartenance à un clan familial.

Force m’a été d’admettre que la famille c’est d’abord et avant tout des gens avec qui on partage des situations de vie, la plupart du temps semblable, ou sinon très proche. Des gens avec qui on connecte dans notre vécu quotidien.

Ce sont souvent des amis, des gens qui nous côtoient depuis longtemps mais aussi parfois des gens qu’on a connu depuis moins de temps, mais qui collent parfaitement à notre réalité.

Il y a encore de la famille qui reste de la famille, parfois plus éloignée, comme des cousins et cousines, mais qui ont justement suivi un chemin qui ressemble plus aux nôtres.

Aussi, ce sont des gens sur qui on peut compter. Qui seront là pour nous appuyer et que nous serons heureux d’appuyer s’ils en ont besoin parfois.

Ce sont des gens qui ont le cœur sur la main, avec une écoute attentive et bienveillante. Qui ne nous juge pas et nous accepte tel que l’on est.

On est donc ici plus près de la définition d’un ami bien sûr. J’ai longtemps trouvé que, justement, ma famille était mes meilleurs amis. Pour continuer à les côtoyer, j’ai délaissé des amis pendant longtemps. Heureusement pas tous, que je retrouve aujourd’hui, alors que ma retraite me laisse plus de temps libres.

Cette affection partagée, peut même se faire à distance car il est si facile de nos jours de partager via différents moyens de communication. Alors, peu importe la distance, on partage ce sens de la famille. La famille que l’on s’est créé.

Peut-être que les chemins vont encore se diviser dans le temps. On gardera de bons souvenirs des jours heureux, avec un peu de nostalgie mais sans amertume.

On se fera une nouvelle famille, qui partagera de nouveau notre vie.

Je pense donc que la nouvelle génération qui a vécu dans des familles où la fratrie s’est beaucoup rétrécie, a compris ce besoin de s’associer avec d’autres personnes pour augmenter la chaleur humaine nécessaire dans la vie.

Je garde aussi précieusement, la petite famille que je me suis forgée et qui sera toujours présente dans ma vie, mes enfants et mes merveilleuses petites-filles.

Ils prennent eux-aussi leur propre chemin, sur lequel je ne marche pas nécessairement, mais pour une mère, c’est impossible de s’en dissocier complètement. Ils feront toujours partie de ma vie.

Ma vie quotidienne est souvent remplie de solitude, je l’ai apprivoisée au fur et à mesure que je vieillis. Car je sais que je ne suis jamais seule complètement, je me réapproprie ma nouvelle vie de famille et ça me rend heureuse!