
En lisant ce titre, vous vous dites sûrement « oh, elle va nous parler d’amour ».
Je vais vous décevoir chers lecteurs, je vais plutôt vous parler de l’homme de ma vie, que j’ai cherché toute ma vie.
Comme beaucoup de femmes de ma génération, on a grandi dans l’espoir de trouver l’homme qui partagera notre vie, l’homme qui nous complètera, l’homme romantique mais aussi responsable qui acceptera de mettre le bonheur dans notre quotidien.
J’en ai tant rêvé.
Adolescente, le type recherché était un homme assez grand, aux cheveux noirs touffus et aux yeux bleus. Avouons que mon idéal était plutôt difficile à trouver.
Il y a bien eu Maurice, mon amour de jeunesse qui m’a fait chavirer le cœur à 17 ans. Il n’avait pas tous les attributs mentionnés précédemment, mais il était grand (plus de 6 pieds) et un corps d’athlète à faire rêver. Ce qui n’était pas à dédaigner non plus, il était intelligent, un sens inné du leadership. Mais son manque de maturité (il avait 15 ans), nous a dissocié rapidement. Je ne représentais pas pour lui le genre de femmes qu’il recherchait. Son meilleur ami (merci Michel) lui aurait dit que je n’étais pas assez « cochonne » pour lui.
Un an après notre séparation, alors que je m’accrochais à cet amour, désespérément, il m’a écrit dans une lettre qu’il avait perdu son français, c’est pourquoi il me répondait en anglais. J’ai bien dû me rendre à l’évidence que je faisais rire de moi. J’ai abdiqué.
Un peu désabusé de l’amour (déjà), j’ai croisé le chemin de plusieurs hommes. Aucun n’a pu me donner ce que je recherchais, mais j’ai réussi à sortir un peu de mon cocon. Maurice m’aurait trouvé pas mal plus déluré quelques années après.
C’est là que j’ai rencontré Stéphane, celui qui deviendrait mon époux et celui avec lequel je croyais partager le reste de ma vie.
Il n’était pas séduisant, il ne répondait à aucun des critères que je m’étais fixé chez un homme. Il était petit de taille (5,5po.), cheveux bruns, yeux bruns et un faciès qui ne me charmait pas. Mais il avait un petit quelque chose, et il a su me charmer autrement.
C’était un romantique, les fleurs, les voyages, il a mis le paquet pour me séduire. Et il y est si bien arrivé que je me suis accrochée solide. Je buvais ses paroles, je croyais en ses plans d’avenir (et Dieu sait qu’il y en a eu). Les soirées romantiques se sont multipliées au fil des ans où j’ai vécu avec lui. Déjà séparé à 21 ans, nous avons dû attendre son divorce pour enfin nous marier, le but ultime de notre vie de couple. Un mariage civil, ça ne remplissait pas mon rêve de jeune fille mais ça s’en approchait.
Et comble de bonheur, nous avons eu deux enfants ensemble. Ce qui a couronné notre vie commune. Je ne pouvais imaginer être plus proche de mon but, avais-je trouvé l’homme de ma vie. En tout cas je le croyais.
L’envers du décor d’un homme romantique, un manipulateur au fond, c’est la violence. Toutes mes années de vie commune avec lui, j’ai vécu plus souvent qu’autrement dans la peur. À quelques reprises, il a mis ses mains autour de mon cou et j’ai cru que c’en était fini. Mais la pire violence fut la violence verbale, je l’ai tellement craint. Je n’étais plus personne, je n’existais plus que par lui.
Quand j’ai commencé à vouloir me sortir de ce labyrinthe de tristesse, les menaces de me faire tuer si je partais avec les enfants sont venues me réduire à cet enfer.
Un jour pourtant, d’un commun accord, j’ai pu m’en sortir.
J’ai repris ma vie en main et malgré les montagnes russes de la séparation, au bout de quelques mois, j’ai retrouvé l’amour.
Ce nouvel homme m’a pris par la main, m’a aidé à reprendre confiance en moi. Il a joué un rôle important dans la vie de mes enfants, leur apportant une certaine sécurité et beaucoup d’affection. Je l’ai aimé tout de suite. On peut parler de coup de foudre, jusque là une symbolique assez abstraite pour moi. Et il remplissait plusieurs cases physiquement de la beauté que je recherchais, il était grand, et il avait les yeux bleus!
Mais ce nouvel homme ne connaissait pas l’amour. On n’était pas allé à la même école de la vie. Il a fait de son mieux avec ce qu’il était et ce qu’il savait.
Les années ont passé et je ne trouvais pas en lui, l’homme de ma vie, celui qui m’aimait, me protégerait, m’épaulerait en tout temps, me compléterait. Celui qui partagerait ma vie en tout.
Je l’ai accepté tel qu’il était, une bonne personne mais avec des valeurs très différentes des miennes.
Je ne lui reprochais rien, je ne voulais pas le changer. Je l’ai laissé faire sa vie à sa façon tant que ça n’interférait pas négativement avec la mienne. Il n’était pas violent, ni agressif avec moi, bien au contraire. Il était assez doux mais généralement distant de mes problèmes.
Nous sommes devenus de bons amis. Je le respectais et il me respectait. C’est toujours le cas. Nos chemins se sont un peu éloignés mais je lui serai toujours loyal. Nous étions un couple tout de même, à notre façon. Et cela dure depuis 35 ans. Actuellement, c’est la maladie qui nous sépare. Un état sur lequel nous n’avons pas beaucoup de contrôle. Je ne l’avais pas prévu, et lui non plus, j’en suis persuadée.
Il m’arrive d’envier les couples que je croise sur mon chemin. Ils font des projets d’avenir ensemble, ils marchent côte-à-côte, main dans la main, c’est si beau. Je me doute que leur quotidien a été (et est sûrement encore) semé d’embûches, mais l’image qu’ils projettent est séduisante.
***
Tout de même, j’ai vite compris que l’homme de ma vie finalement, c’était moi. J’étais la seule personne sur qui je pouvais m’appuyer. Je me suis prise en main et j’ai fait mon chemin, toute seule.
J’ai donc cherché l’homme de ma vie sans jamais le trouver. Vous me direz que ma vie n’est pas finie, c’est vrai. Mais j’ai perdu mes illusions sur l’amour. Ça existe mais ça n’arrive pas souvent, si je me fie à ce que je vois autour de moi.
Peut-être était-ce ma définition de l’amour qui était erronée au fond.
Aujourd’hui quand je vois des films ou des citations d’amour, ça m’ennuie, tellement je n’y crois plus.
Et vous, avez-vous trouvé l’amour? L’homme ou la femme de votre vie?
Jeune, je croyais bien avoir trouvé l’homme avec qui je ferais ma vie. Après 25 ans de vie commune, j’ai realisé que je me sentais plus seule à ses côtés que sans lui. Je me suis investie complètement dans cette relation et me suis perdue. J’y ai mis beaucoup de temps pour me retrouver. Depuis notre séparation, il y a maintenant 26 ans, j’ai réalisé que le prix de l’amour est trop élevé, que j’ai la manie de mettre l’autre avant moi, et que je ne veux plus jamais vivre dans ce genre de situation. Alors, je fais mon chemin seule et j’apprécie ma vie telle qu’elle est.
J’approuve totalement!