
Ça y est, la période des larmes faciles fait son entrée dans ma vie.
Bon, je l’avoue, je suis une « braillarde » en toute saison. Mais Noël et tous ses préparatifs ne peut que me ramener à tout ce que j’ai eu, ce qui me rend nostalgique.
D’abord les Noëls de mon enfance. Je n’ai pas trop de souvenirs des cadeaux, quelques-uns qui me rappelle surtout les moments de plaisir avec ma famille et mes amies. Mais dans l’ensemble, les souvenirs de mes Noëls d’enfant, sont surtout ceux que je passais en famille, la Messe de minuit, le retour où maman s’affairait à ses fourneaux pour préparer le repas qu’on prendrait après la distribution des cadeaux. Là, encore c’était généralement maman qui distribuait ces cadeaux. Les films que mon père prenait à cette occasion nous permettent d’en avoir souvenir.
Plus tard, j’ai fait ajouter des chandelles sur la table pour faire un peu plus fête. Et j’ai aussi convaincu mes parents de servir un cidre, à la mode dans les années 70, pour agrémenter le moment. J’aimais le changement, mais pas trop quand-même.
On se couchait tard et on se levait tard, le bonheur pour moi. Puis on se préparait pour aller fêter chez mon oncle Hervé et ma tante Marie-Ange à Ste-Catherine (on disait Côte Ste-Catherine dans le temps). J’étais impressionnée par tous mes cousins et mes cousines, un peu plus âgées que moi, mais si généreux d’affection. On mangeait, encore. Tout était toujours délicieux.
Puis, l’amour est entré dans ma vie et a tout bousculé. Je garde quand-même de bons souvenirs de cet autre temps. Mon nouvel amoureux s’est introduit dans ma vie de famille sans trop se faire prier. Je pense que de son côté, ça ne fêtait plus depuis un moment. Les avait-il abandonnés, ça se peut. Il ne m’a jamais raconté. Il n’aimait pas beaucoup sa famille et moi j’adorais la mienne. Donc, ça me convenait que ça se fasse chez-nous. J’avais l’excuse de l’âge et de ne pas trop comprendre la vie.
Le décès de sa maman, de façon subite et violente, nous a réveillé pas à peu près.
Nos premiers pas dans la vie de couple et puis comme parent, nous ont amené à vouloir créer nos propres traditions. Certaines années, j’ai même abandonné ma famille pour répondre à ces nouvelles valeurs que l’on voulait créer.
Je l’avoue, c’est la deuxième plus belle période de ma vie, celle auprès de mes enfants. C’était merveilleux de leur inventer un Noël où brillait de bonheur leurs yeux. Et je suis chanceuse, j’ai eu plusieurs Noëls en leur présence.
Puis, ce fut la séparation, les Noëls partagés… que c’était compliqué. Jusqu’à l’arrivée d’un autre homme dans notre vie. Il a insufflé un renouveau à nos traditions. Sans abandonner ma famille que je continuais de visiter le 24 décembre. On a ajouté les matins de Noël, avec des bas de Noël remplis de cossins, souvent insignifiants, mais ce n’était pas grave, ça nous amusait tant. On se faisait une bonne bouffe et selon les périodes de vie, les enfants restaient avec nous et alors on en profitait pour aller au cinéma. Et d’autres années, ils s’en allaient chez leur papa qui les attendait pour fêter Noël à sa façon.
Une autre période merveilleuse fut celle de l’arrivée de ma première petite-fille. Elle s’est intégrée facilement dans nos traditions. On a pu ajouter, le verre de lait et les biscuits sur la cheminée, pour le Père Noël. Ses yeux quand elle descendait l’escalier au petit matin et découvrait une montagne de cadeaux.
Noël, c’est une fête pour les enfants.
Puis la vie a pris des chemins différents, les enfants ont eu des conjoints qui avaient leur propre tradition. Il fallait essayer de s’en accommoder. Et les complications des familles recomposées ou tout le monde devait se partager à différents endroits pour fêter. Ça a commencé à être lourd, à être moins amusant.
Le 24 décembre, je continuais à m’accrocher à la tradition de notre famille. Mon papa nous avait quitté, trop tôt. Le Père Noël s’en était allé avec lui, tous les autres n’ont pas réussi à insuffler la magie qu’il incarnait du vivant de mon papa.
Les familles se sont élargies. Durant la fête, on sentait les clans. Et dans chacun, ça fêtait isolément. C’était moins magique.
On continuait, pour notre maman, qui adorait Noël.
Aujourd’hui, tout est du souvenir… Pauvre maman, elle a perdu l’esprit de Noël en même temps que la famille s’est disloquée. On lui a volé sa belle fête.
On me l’a un peu volée moi-aussi. Je ne me sens plus autant dans l’ambiance.
Cette année, mon homme et moi, on habite plus ensemble. Il avait besoin de soins que je n’étais plus en mesure de lui donner. Il me manque, mais l’homme qui me manque ce n’est pas celui des derniers mois, même des dernières années. C’est celui des premières années ensemble, alors qu’on bâtissait notre avenir de couple. Il a été si présent auprès de moi, des enfants et même des petits-enfants. Sa santé a grandement dérangé nos plans de couple.
Ce Noël sera curieux car je serai seule. Oh pas complètement seule, j’ai la chance d’avoir des enfants et petits-enfants merveilleux, qui ne me laissent pas tomber. J’ai des amis formidables qui sont bien présents dans ma vie. De ces amis, je peux inclure mon frère qui reste bien au cœur de ma vie.
Alors ce Noël est un peu nostalgique. Noël pour moi, ce sont les souvenirs. Ce temps passé où tout était si tendre, si doux pour mon cœur.
La musique de Noël est omniprésente. Les maisons arborent des décorations ravissantes pour bien souligner ce temps de joie. Je suis le courant, je m’accroche. J’ai mis les miennes moi-aussi.
Noël et toute cette période faste, seront bien différents cette année. Je dois repenser ces moments de rapprochement, de solidarité. Je le ferai à ma façon, même si en moi, j’aurai un peu hâte que tout soit passé et qu’une nouvelle année s’installe en apportant de l’espoir.
Je reste indulgente devant le faste des fêtes, je ne voudrais pas ternir la joie de ceux qui sont en train de bâtir leur souvenir. Et, au fond, c’est de voir les gens heureux autour de moi, qui me procurera la plus belle joie… de Noël!
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