Vieillir (par Lise Gauthier)

Selon Larousse, vieillir c’est avancer en âge. 

Rien de grave, car à partir de cette définition, il est clair qu’on vieillit à chaque jour à partir de la naissance. 

Là où c’est plus préoccupant, c’est que la vieillesse est définie comme la dernière période de la vie, caractérisée par un ralentissement ou un affaiblissement des fonctions.  Pas réjouissant! 

Force est d’admettre que je suis vieille, car il arrive souvent que certaines parties de mon corps ne soient pas très coopératives. Mes mains qui refusent d’ouvrir un pot de confitures, mes doigts qui peinent à écrire car ils prennent de drôles de directions et mon dos qui refuse de se pencher pour ramasser ce que mes mains ont échappé. Mes jambes qui trouvent de plus en plus que monter les escaliers est un sport dangereux et mes pieds qui préfèrent la position assise ou couchée. 

Étrangement, je rencontre dans le miroir quelqu’un de différent de mon moi intérieur. Des sillons se sont creusés lentement et au fil des ans se sont multipliés. Des taches brunes recouvrent ma peau qui elle est très détendue. Adieu le tonus, bienvenue ravages du temps! Parfois la petite fille en moi se demande ce qui s’est passé en si peu de temps. 

Malgré les effets secondaires du temps qui passe, je remercie la vie de me permettre de vieillir. Je m’émerveille encore d’entendre le chant des oiseaux, les nuages me fascinent, les couchers de soleil m’impressionnent. Je vois mes enfants avec un regard admiratif. 

J’aurais aimé que mes amies aient cette chance. 

Être vieux, on peut l’être à tout âge, c’est dans la tête souvent que ça se passe.  

Quand on a la chance de vieillir en santé, il est possible de vieillir avec un grand V. 

Je lisais dans La Presse+ il y a deux jours une entrevue avec Janette Bertrand qui publie, à 99 ans, “Vieillir avec un grand V”.  

Selon cette femme inspirante, si on se sent utile, qu’on est curieux, qu’on donne et reçoit de l’amour on peut profiter du temps qui passe. 

Oui, il passe vite le temps et s’il apporte son lot de souvenirs, il apporte aussi le détachement. Ce qui était important dans notre jeunesse, on réalise maintenant que c’était souvent futile. On prend conscience de la fragilité de la vie et on se concentre sur l’essentiel. 

Durant une grande partie de notre vie, on accumule des objets qui souvent nous encombrent plutôt que de la simplifier. Je suis tombée par hasard au début du mois d’octobre sur un lien proposant un défi de 21 jours de désencombrement. Comme c’est une période de changement de saison, je me suis dit que ce défi arrivait à point. Je me suis inscrite et je m’en réjouis. Depuis le 1^er octobre, je désencombre ma maison. Je réalise qu’avant, même si certains objets sortaient de chez moi, je faisais surtout du rangement. Il me manquait cette motivation et ce modèle d’action pour parvenir à éliminer ce qui prenait de la place, qui ne me servait plus et les au cas où. C’est évident que c’est plus facile de se débarrasser des fonds de bouteilles de gel douche que des cartes de souhaits reçues de mes enfants et j’ignore encore si je serai capable de me défaire de mon ourson que je me suis acheté pour Noël à l’âge de 21 ans et qui fait encore partie de mon quotidien, bien assis sur le futon. Il est arrivé le temps de se départir de tout ce qui encombre les tiroirs et les armoires. Il est préférable de le faire maintenant que de laisser cette tâche à mes enfants advenant mon incapacité ou mon trépas. 

Je me libère peu à peu, je conserve les traces du passé dans ma mémoire et je porte un regard bienveillant vers l’avenir que je me souhaite serein.  

PS : Réflexion du 20 octobre 2024