Pour les gens de ma génération, le mot « écolos » n’existait pas vraiment. Ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas fait attention. À la lueur des changements de notre société, je constate souvent que nous l’étions probablement plus que la génération actuelle.

Pourtant, nous sommes accusés à tort, d’avoir contribué à cette détérioration de l’environnement. Il faut remettre les pendules à l’heure…

Dans ma jeunesse, maman cuisinait chaque jour pour ses quatre enfants et un mari. La bouffe était simple mais savait remplir nos estomacs. Des restes de table étaient toujours réutilisés pour faire autres choses. Et quand il y en avait trop, ça nourrissait le chat. Pas question d’acheter de la nourriture en canne pour eux.

Maman cousait la plupart de nos vêtements. Et de plus, on se repassait les vêtements… Assez chanceux, puisque nous étions deux filles et deux garçons. On aurait pu croire que j’étais privilégiée là-dessus puisque j’étais l’aînée, pourtant j’ai reçu en cadeau les vêtements de cousines plus âgées. Ce qui me faisait grand plaisir.

J’ai fait un peu la même chose quand j’ai eu mes enfants, j’ai partagé les vêtements de ma fille avec ma sœur pour sa fille plus jeune, et elle en a fait autant avec les vêtements de son fils pour mon fils plus jeune que le sien.

Moi-aussi j’ai cousu beaucoup de vêtements. Sans compter que j’ai appris à raccommoder et réparer ce qui s’abîmait. J’ai aussi tricoté et crocheté, une activité qui me détendait. Ces activités étaient très écologiques car j’arrivais à réutiliser de vieux vêtements, que je décousais et parfois détricotais! Sans compter la récupération de fermeture éclair et de boutons.

Plus tard, les ventes de garage et les friperies m’ont beaucoup aidé à avoir un style de vie confortable et surtout à offrir certains plaisirs à mes enfants.

Côté nourriture, j’ai cuisiné beaucoup aussi. Mon budget n’étant pas reluisant pour une grande partie de ma vie, il a fallu que je me débrouille souvent avec pas grand-chose. Mais je suis fière car mes enfants n’ont jamais manqué de rien. Et ils sont aujourd’hui bien débrouillards dans leur propre vie. Je prends un peu de crédit sur l’exemple que j’ai pu leur donner.

On buvait l’eau au verre, directement du robinet, au jour le jour. Pour les sorties au camping ou ailleurs, on utilisait les abreuvoirs, on apportait notre gourde réutilisable ou même un contenant plus gros spécialement conçu pour ça. Pas de bouteilles de plastique, ce n’était pas encore à la mode.

Chez-nous, il n’y avait qu’une seule voiture. Et c’est mon père qui la conduisait car il en avait besoin pour son travail. Une fois semaine, on devait la nettoyer et croyez-moi ce n’était pas une mince tâche car le métier de tireur de joints de mon père amenait son lot de poussières à l’intérieur, même si maman recouvrait les bancs d’une couverture.

À cette même époque, mon vélo était mon principal moyen de transport, une grande partie de l’année. Sinon, je marchais et/ou je prenais l’autobus. Je n’ai eu mon permis de conduire qu’à l’âge de 22 ans et encore, je ne pouvais m’en servir que lorsque mon conjoint n’avait pas besoin de son automobile. Ce n’est qu’à ma séparation du père de mes enfants, que j’ai dû me résoudre à utiliser régulièrement une automobile achetée peu de temps avant, une « Pony » de Hyundai. Son coût avait été un facteur décisif à l’achat, mais sa propulsion était tellement lente, qu’à la blague je disais 0/60 km en 1heure 30. Je l’ai tout de même gardé plus de cinq ans.

Il n’y avait qu’une seule télévision et un seul téléphone chez-nous, dans mon enfance. Quand je vois les quantités d’appareil de télévision et de téléphone cellulaire qui circulent, peu recyclables pour la plupart, aussi populaires chez les « écolos », est-ce vraiment bon pour l’environnement? (Cependant, je fais mon mea culpa là-dessus, car chez-nous il y a deux cellulaires et nous avons eu deux voitures durant longtemps, les moyens de transport étant difficile d’accès aux heures que nous devions nous rendre au travail)

Aussi, les sacs d’épicerie et de magasinage ont toujours servi à d’autres usages. Parfois, ils devenaient un sac pour la poubelle et parfois, c’était aussi une façon de transporter des utilités de toutes sortes. Aujourd’hui, le banc arrière de ma voiture est inondé de sacs de toutes sortes, que j’ai payé de ma poche pour la plupart, et qui viennent de différents commerces. J’ai changé de pharmacie l’an dernier, quand on m’a vu arrivé avec un sac de l’ancienne pharmacie, on s’est empressé de m’en donner un nouveau avec le bon logo où je faisais affaire dorénavant.

Que deviendrons ces sacs plus tard? Encore moins facile à la destruction.

Parlant de sacs, j’utilise presque toujours des sacs de papier pour les cadeaux. Je sais qu’ils seront recyclables dans leur fin de vie mais avant cela, ils auront transporté plusieurs cadeaux. La nouvelle mode plus écolo : le tissu pour envelopper les cadeaux. Plus écolo? Vraiment? Le tissu est peu recyclable à ma connaissance, contrairement à mes sacs cadeau. Sans compter, la saleté qu’il transporte, car à ma connaissance, ils ne sont pas lavés entre les changements. N’aurons-nous pas appris de cette pandémie que nous venons de traverser?

Alors quand quelqu’un me dit « je suis écolo », j’ai bien de la misère avec ça. Ça me sonne comme s’ils étaient supérieurs à moi, comme si j’étais une gaspilleuse ou pire une maltraitante de l’environnement. C’est très condescendant dans leur propos.

Certes notre génération a commis des erreurs. Mais ces erreurs me semblent bien minimes au regard de ce qui se fait maintenant. Et quand on nous prend de haut comme pour nous dire que nous avons détruit la planète, je trouve cela bien injuste.

Je fais ma part comme tous les gens de ma génération, je recycle (encore), je partage tout ce qui est recyclable, et ma poubelle est très légère en détritus. J’imprime le moins possible, je garde tout ce que je peux dans des fichiers. J’utilise plusieurs produits doux pour l’environnement. Je donne à des entreprises « connues », comme Renaissance, ce que je n’utilise plus. Et je partage avec mes proches et mes amis aussi le plus possible.

Les puristes « écolos » tenteront sûrement de me prouver que nous avons détruit la planète à notre façon. Des exemples, c’est assez facile à trouver, j’en conviens.

Mais c’est quoi être « écolo » finalement? Quelqu’un peut me donner une définition claire? Car, à ce que je vois autour de moi, malgré plein de bonnes intentions, le respect de l’environnement ne s’est pas amélioré, loin de là.