Dans ma jeunesse, les années 60-70, deux groupes de jeunes se distinguaient, ce qu’on appelait les « hippies » et le groupe des « mod’s ».

Le premier groupe est très connu. Dans l’histoire qui ne se souvient pas de ces jeunes qui voulaient vivre librement, la génération « peace and love ». On dénonçait les valeurs qui avaient bercées notre enfance et celles de nos parents avant nous bien sûr, tout ce qui voulaient perpétuer leur mode de vie en particulier.

Pour les « mod’s » moins connus, peut-être n’était-ce qu’un groupe qui fréquentaient notre école secondaire car je n’ai jamais vu leur semblable ailleurs. Ceux-là, comme le nom l’indique, suivait la mode, aimait se vêtir de beaux atours, enfin ce qu’ils croyaient en être sûrement.

Je ne faisais partie d’aucun de ces groupes officiellement. Mes goûts vestimentaires allaient de l’un à l’autre. C’était impossible pour moi de relâcher complètement car mon principal loisir d’adolescence fut la danse sociale, où la tenue vestimentaire était assez règlementée et donc impossible de jouer à la libertine de ce côté.

Pourtant, je suis persuadée que je fus très influencée par les valeurs des hippies de ma génération. Je n’aurais pas eu le culot d’aller vivre dans une commune mais leur esprit volage m’a bien attiré quand-même. Et le fait de se rebeller face aux valeurs traditionnelles de nos parents a sûrement fait parti de mon envie de changer le monde comme tout adolescent.

Je croyais que l’important dans la vie c’était de rester naturel. J’aimais les vêtements qui me permettaient d’être libre de mes mouvements. Je fus à deux doigts d’abandonner mon soutien-gorge, au grand désespoir de ma mère qui me vit effectivement l’abandonner durant un temps.

Je croyais que la vraie beauté est naturelle. Ce que la nature nous a donné est notre véritable soi. Je comprends que de ce côté je fus plutôt choyée, je l’avoue humblement, mais je reste persuadé que la beauté n’a pas de critères particuliers. Ce que l’on est, représente la vraie beauté.

C’est facile de juger, je sais. Et la vie s’est chargée de me faire croire à des critères sélectifs auxquels j’ai malheureusement adhéré parfois. Je ne suis pas fière de moi là-dessus.

Mais je suis restée une adepte du naturel malgré tout… Par exemple, j’ai attendu la quarantaine pour essayer mes premières teintures, dans le but surtout de camoufler mes premiers cheveux blancs. Pourtant, grâce à la pandémie, j’ai réussi à me défaire de cet artifice et revenir à mes cheveux naturels, ceux que la nature m’a donné.

Oui, j’utilise certains artifices pour agrémenter mon corps. J’aime mettre certains de mes atouts en valeur. Je suis tout de même restée fidèle à mes croyances là-dessus. Les vêtements, les accessoires et le maquillage que l’on utilise ne sont là que pour accentuer nos avantages physiques. De ce côté, je n’ai pas utilisé à outrance ces accessoires de mode.

Comprenons-nous bien toutefois, je suis assez prude, donc vous ne me verrez pas complètement à nue. Je me garde une petite gêne là-dessus. Probablement un restant d’éducation de ma génération.

J’ai tenté de transmettre mes valeurs à mes enfants mais la société s’est chargée de leur montrer un autre chemin. Je comprends. Dans l’ensemble, je suis quand-même heureuse de les voir vivre assez au naturel et de s’accepter comme ils sont.

Il faut avoir une bonne confiance en soi pour s’accepter tel que l’on est. Une confiance que je perds de plus en plus en vieillissant, mais pas au point d’avoir recours à de la chirurgie toutefois. Bon, avouons-le, je n’en ai pas les moyens financiers non plus. Qui sait si je ne serais pas passée à l’acte si cela avait été le cas. Mon double menton m’a toujours bien ennuyé.

Je n’arrive toutefois pas très bien à comprendre le plaisir du tatouage, même si je respecte ceux qui aiment ça. Cette décoration indélébile sur notre corps à coup de souffrance en plus, est-elle vraiment nécessaire? Il y en a de très beaux et souvent avec un sens touchant. Mais je crains que certains tatous vieillissent mal. C’est comme mettre un bijou et ne jamais l’enlever, il me semble que je finirais par m’en lasser.

Aussi, tous les produits et chirurgies qui se font de plus en plus fréquemment me sonnent une cloche d’insécurité. Pourquoi vouloir être quelqu’un d’autre à tout prix? C’est ce qu’on vend dans la plupart des médias, quelle tristesse. Et quelle mauvaise influence auprès de ces adolescents qui se cherchent une identité.

La société est vieillissante. On prévoit que dans peu d’années, la population de plus de 65 ans représentera 25% des gens au Québec. Là-dessus, il y a beaucoup de baby-boomers qui pensent comme moi. Bon, ce fut aussi la génération qui a le plus utilisé les drogues douces et dures, ce qui va sûrement avoir un impact négatif sur leur santé. Mais est-ce qu’on peut penser que notre génération vieillit bien parce qu’elle a moins utilisé d’artifices dans sa vie quotidienne.

On nous accuse de tant de maux, peut-être peut-on s’envoyer quelques fleurs enfin!