
Pour certains, la venue de l’hiver et de sa neige blanche est un moment précieux de bonheur. Les centres de ski attendent avec grand espoir ce temps de l’année où des gens aventureux viendront glisser sur leurs pentes enneigées.
Les jours de congé scolaire, les attractions touristiques hivernales déploient toute leur énergie pour attirer les enfants en manque d’activités, surtout devant les parents désemparés.
Pour ma part, l’hiver… je déteste! C’est un temps de l’année où je dois m’arrêter, me cloîtrer, pour n’en ressortir qu’avec des joues encore plus blanches, quelques mois plus tard.
Que je remonte aussi loin que dans mon enfance, je n’ai pas de souvenirs heureux où j’ai mis les pieds à l’extérieur durant cette période hivernale. Mis à part la fête de Noël, vécue en famille, mais à l’intérieur, j’ai toujours « haïe » l’hiver.
Enfant, bien sûr, nous profitions du mieux possible de nos jeux à l’extérieur. Pour moi, ce fut le patin, le seul sport d’hiver que j’ai pratiqué. Il faut dire que nous avions la chance d’avoir un oncle et une tante qui tenaient un magasin de sport et que, grâce à eux, nos parents pouvaient nous procurer chaque année des patins, recyclés, à bons prix.
Mais ma piètre performance sur une patinoire ne m’a valu que des déboires, voire des accidents avec des séquelles assez pénibles sur les journées qui suivaient. Mes deux pouces m’envoient encore des élancements lors de journées humides, souvenirs de ce temps d’enfance où les jeux extérieurs ne m’apportaient pas tant de joies.
Les vêtements d’hiver n’étaient peut-être pas toujours aussi adéquats qu’il le fallait, il faut bien le dire. Malgré la bonne volonté de nos parents qui ont toujours fait de mieux pour nous vêtir chaudement. C’était l’époque, pas encore assez évolué, pour nous fournir les dits-vêtements pour contrer le froid.

Sur les patinoires, on ne pouvait patiner aussi librement qu’on l’aurait voulu puisque des joutes de hockey, très populaires, s’y jouaient régulièrement. Pour nous les patineurs solos, il fallait se débrouiller pour circuler au travers des bâtons et de la « puck ». Pas évident de garder son équilibre, les chutes étaient inévitables, souvent sur les fesses (pas très bon pour le coccyx) et parfois ce furent mes mains qui amortirent le choc. De là, les douleurs à mes pouces vous aurez compris.
Pour se rendre à l’école, je ne marchais pas tant, mais nous devions attendre l’autobus scolaire qui nous embarquait au coin de la rue. Il n’était souvent pas à l’heure et nous devions attendre en se réchauffant du mieux qu’on pouvait. Frigorifiés nous étions lorsqu’enfin on pouvait prendre place sur un siège, en s’entassant auprès des autres.

Mon père avait pratiqué à peu près tous les sports d’hiver (ski alpin, ski de fond et patinage, hockey). Je l’ai su en voyant des photos de son jeune temps. Et ma mère, fut une grande passionnée de patinage, nous a-t-elle raconté. Quelques photos en témoignent dans son cas, elle aussi. Mais il semble qu’ils n’auront pas su nous transmettre ces passions pour les sports d’hiver. Est-ce la venue de la télévision (le premier écran) qui aura fait la différence? C’est possible, mais je ne suis pas adepte de mettre la faute sur cela. Je préférais la lecture, la musique et la télévision à toutes autres activités. Mes frères, en revanche, ont bien participé aux sports, hockey l’hiver, baseball l’été.

Le temps a passé, j’ai pu me dissocier de l’hiver du mieux possible. Je ne fus pas une adepte des voyages dans le sud pour y échapper, faute de moyens financiers mais surtout de temps comme mère monoparentale. La chaleur n’était pas ma tasse de thé non plus, même si j’apprécie la facilité des déplacements en saison chaude. Disons que je n’aime pas les extrêmes, chaud ou froid. Vive le printemps et l’automne, mes saisons préférées qui ne durent jamais assez longtemps à mon goût!
Pour mes enfants, je crois ne pas avoir été d’un grand encouragement non plus. Mes plus beaux souvenirs d’hiver avec eux, se contentent d’une virée sur le Canal Rideau à Ottawa, en patins, tout en dégustant un bon chocolat chaud. Ça a fait de très belles photos mais des souvenirs un peu flous, car je crois que nous ne nous sommes pas attardés très longtemps.

L’hiver, pour moi, c’est la saison des désagréments. Il faut s’habiller chaudement, porter un manteau encombrant, des bottes avec des antidérapants, des gants, une tuque, bref tout ce qui peut nous donner l’air d’un robot.
Et comment ne pas passer au côté du déneigement, les marches du perron pour que personne n’y glisse, la neige qui s’est accumulée sur l’automobile. Et on recommence à chaque bordée de neige qui tombe. Aucun plaisir ici!
Les déplacements sont hasardeux. À pied, il faut bien regarder où on les met pour s’assurer de ne pas plonger tête première. En auto, la témérité des autres conducteurs est courante, on ne sait jamais quand ils n’arriveront pas à freiner, occupés sur leur cellulaire ou simplement distraits et imprudents. Sans compter que nous-mêmes, on peut voir partir notre auto dans un sens que nous n’avions pas prévu, particulièrement avec la glace noire.
L’hiver, je dois me couper du reste du monde. De mes proches bien-aimés d’abord, qui demeurent loin. Les visites sont trop hasardeuses pour que je m’aventure sur les routes. Heureusement qu’il y a encore le téléphone et l’internet pour se donner des nouvelles.
En vieillissant, l’hiver est une période d’isolement. Comme proche-aidante, je tente de placer, autant que possible, les rendez-vous médicaux en-dehors de cette époque de l’année. On regarde la neige tombée et l’émerveillement n’est plus là.
Comme je l’écrivais plus tôt, je sais que plusieurs personnes apprécient l’hiver, particulièrement pour ses sports d’hiver. Je ne comprends pas trop ce qu’on trouve à ces sports, qui me semblent dangereux. Quel est le plaisir à descendre les pentes d’une montagne avec des skis dans les pieds, pourquoi est-ce un exploit? Mais bon, à chacun ses plaisirs je l’admets.
Je ne pense pas être la seule à détester l’hiver, le grand nombre de « snowbirds » qui s’expatrie, durant cette saison, en témoigne. J’ose le dire tout haut, c’est peut-être ça la nouveauté dans le discours.
Vigneault a écrit « Mon pays, c’est l’hiver », je préfère « Heureux d’un printemps » de Paul Piché, qui me représente mieux. Cela dit, ce sont deux superbes chansons.
Ma chanson préférée, qui me reste collée dans la tête toute la saison, c’est bien « J’haïs l’hiver » popularisée par Dominique Michel.
Et vous, comment vivez-vous votre hiver?
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