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La Maison de mon enfance

Nous avons tous une maison qui a marqué notre vie. Pour ma part, cette maison fut celle de la rue Desautels à St-Hubert. J’y ai emménagé avec ma famille lorsque j’avais 3 ans. Cette maison était sur la rue Balmoral, mais a changé de nom pour la rue Desautels peu après notre arrivée. J’y ai vécu jusqu’à mes 19 ans. 

À ma naissance, mes parents habitaient la ville de Lachine où deux des frères de mon père les avaient invités à venir y vivre, garantissant un emploi à mon père. Mon frère Serge y est né lui-aussi. Par la suite, mes parents ont encore déménagé, à St-Henri cette fois.

J’ai peu de souvenirs de ces endroits, il va de soi, j’étais si jeune. Sauf un rêve étrange, qui m’a marqué sûrement pour que je m’en souvienne. Un robot, comme ceux que l’on voyait dans mon enfance, avec une tête carrée, marchait dans le couloir du logement à St-Henri. J’ai donc en tête toutes les divisions de ce logement que je revois clairement. Ça a dû être terrifiant pour l’enfant que j’étais, mais ça m’a donné cette mémoire comme cadeau.  

Mais la maison qui a marqué ma vie de jeunesse, est sans nul doute celle de la rue Desautels à St-Hubert, devenue une agglomération de la ville de Longueuil maintenant.

Mon oncle avait fait déménager cette maison, qui venait d’un autre secteur de la ville de St-Hubert, là où se trouve l’aéroport maintenant, près de la gare de St-Hubert. C’étaient une maison pour les chefs militaires à l’origine, m’a-t-on dit.

On nous a raconté que dans le grenier se tenait un tripot où on jouait à la « barbotte ».[1]

Cette maison avait donc déjà une histoire avant que nous y arrivions.

Et après, on y a ajouté notre histoire qui s’est déroulée sur plusieurs générations.

Elle ne faisait qu’un seul foyer à l’origine et a été transformé, par mon oncle, en duplex. Sur son invitation, mes parents s’y sont installés, comme locataires, avec leur progéniture, au 2e étage. Cet étage contenait un 3e étage, l’ancien grenier, transformé en 2 chambres (mais il fallait traverser l’une pour aller dans l’autre). Ce furent les chambres des enfants, mais aussi des pensionnaires que mes parents hébergeaient pour augmenter le revenu familial.

Ces hommes qui ont habité chez-nous dans notre petite enfance, sont tous devenus des amis très proches par la suite, ajoutant à l’histoire de notre maison.

Lorsqu’on montait cet escalier étroit pour se rendre au 3e, une partie grenier, qui était l’entretoit de la maison, se trouvait à notre gauche avant d’arriver à destination. Cet endroit qui servait de remisage, nous effrayait un peu, nous étions persuadés que c’était hanté.

Nos voisins immédiats étaient mon oncle et ma tante, les propriétaires, qui habitaient le premier étage. Ce qui nous a valu une relation plus intime, très chaleureuse avec eux, ainsi qu’avec mes deux cousines, qui furent comme des sœurs pour nous.

La rue Desautels nous a fait côtoyer plusieurs amis aussi. De jeunes familles y vivaient, certaines n’ont fait que passer, mais la plupart y ont vécu assez longtemps pour qu’on développe des liens indélébiles. Et malgré un voisinage industriel (cette rue était très achalandée, même si c’était un cul-de-sac), ce furent des années remplies de vie et d’amitié.

Un jour mon oncle a vendu la maison à mes parents et nous sommes déménagés au premier étage. Il n’y avait que deux chambres à cet étage, ma sœur et moi avons hérité de la chambre au sous-sol. Cette chambre était située juste au côté d’une petite salle, au bas plafond (6 pieds), où de nombreuses fêtes avaient déjà eu lieu et on continuerait d’y festoyer tout au long des années que nous y avons vécu. Nous avions aussi droit à notre propre chambre de bain, toilette, lavabo et douche, attenante à la chambre. Tout un luxe à l’époque pour les petites-filles que nous étions.

Un sous-sol un peu humide nous a valu quelques pertes de vêtements que notre routine d’adolescente ne nous avait pas laissé le temps de ramasser.

Les araignées nous rendaient visite régulièrement, nous n’aimions pas trop leur présence mais avons dû nous résigner à les endurer. Parfois lorsque l’une d’entre elles était trop insistante, on grimpait sur notre lit, ma sœur et moi, et on criait « maman », en demande de renfort pour nous sauver de l’intruse.

Mon frère a découvert, lorsqu’il fut propriétaire, que les murs étaient isolés avec du papier journal et la tuile du plancher directement posé sur le ciment. Pas surprenant que ce soit si humide!

Mon oncle avait inclus le piano avec la vente de la maison. Ce piano n’a pas beaucoup servi car, malheureusement personne n’a appris à en jouer suffisamment. Mais il ornait un mur de la salle de jeux et a servi d’accompagnement dans de nombreuses fêtes. Ce piano aussi a gardé la mémoire de la maison. Après avoir passé de nombreuses années chez-moi, permis à mes deux enfants de développer leur talent musical, c’est chez mon fils qu’il a déménagé et ce dernier en prend grand soin, pour mon plus grand bonheur. Reste à espérer que ce piano restera en vie dans notre famille, car cet instrument de musique lourd et encombrant, n’est plus de compétition avec les pianos modernes.

Ce fut une douce enfance dans cette maison, un seul téléviseur, à écran noir et blanc, devant lequel nous nous réunissions, papa, maman, frères et sœurs, pour visionner nos émissions préférées : Cré Basile, Ma Sorcière bien aimée, La Petite maison dans la prairie, La Soirée Canadienne, Le Temps d’une paix, Rue des Pignons, pour ne nommer que ceux-là. Le samedi nous avions droit, exceptionnellement, de visionner les Looney Tunes avec papa, même si c’était dans une langue étrangère (anglais) que maman n’aimait pas trop. Et beaucoup de films, surtout des comédies musicales, nos préférés.

Un seul appareil téléphonique, accroché au mur de la cuisine. Adolescente, j’étirais le fil pour m’enfermer dans la chambre des garçons, juste à côté. C’était la seule intimité que je pouvais avoir pour parler avec mes amis.

Le dimanche, maman nous faisait un breuvage spécial, crème soda avec une boule de crème glacée, un délice!

Sur le terrain attenant, on avait planté plusieurs arbres, un cerisier et deux pommiers, qui donnaient beaucoup de fruits, mais les oiseaux se servaient avant nous, si bien qu’on n’en a jamais vraiment mangé. Un saule pleureur près de la rue, nous a aussi offert un endroit pour se cacher.

Derrière la maison, un grand champ qui n’a jamais été occupé de tous le temps où nous y avons vécu. Mon père y coupait l’herbe en été pour que mes frères puissent organiser des joutes de baseball.  

J’ai quitté la maison familiale à l’âge de 19 ans, une sortie fracassante avec mes parents car je partais vivre avec mon copain sans être marié, un grave péché dans les années 70. Heureusement, mes parents ont fini par accepter la situation. Et je me suis mariée quelques années plus tard, ce qui les rendit plus sereins devant ma situation.

Mais je n’en avais pas fini avec ma maison. Enceinte de mon aînée, j’y suis revenue. Cette fois, comme locataire au 2e étage. La maison vieillissait, il y faisait un peu froid, surtout pour mon petit bébé qui est arrivé peu de temps après mon déménagement. Une fournaise à l’huile devait chauffer tout le logement, même le 3e étage.

J’y ai vécu un autre deux ans, ma fille a grandi près de ses grands-parents mais aussi près de ses oncles et de sa tante, qui habitaient encore avec mes parents au premier étage. Les allers-retours entre le 2e et le 1er se sont fait régulièrement. C’était rassurant d’avoir toute ma famille près de moi. Et ma fille était heureuse de cette vie d’où je l’ai arraché à ses 2 ans. Je suivais alors mon conjoint qui s’en est allé travailler à Chicoutimi, c’était vraiment très loin, pauvre petite chouette.

Par la suite, des amis de mes parents s’y sont installés. Des transformations ont eu lieu pour que le logement soit plus confortable. Mon frère Serge a racheté la maison quand mes parents sont partis s’installer à St-Lucien, près de Drummondville. Il a, lui-aussi, fait des transformations, n’habitant que le sous-sol durant cette période.

Quelques années plus tard, alors que mon frère avait vendu la maison à des amis, il l’a racheté pour s’y installer avec ses trois enfants, comme papa monoparental.

Il l’a gardé quelques années, et même ma fille, devenue adulte, y a habité comme locataire. Elle croyait me faire plaisir, mais je dois être franche, ce fut un choc de revoir ma maison si transformée. En plus, mes souvenirs d’enfance me l’avait fait voir très spacieuse, après tout nous y avions vécu à six. Je la retrouvais si petite.

Le temps a fait son œuvre et l’environnement aussi. Je ne la visite que via internet maintenant, et je la trouve tellement changé et si peu attirante. On a voulu la moderniser probablement, mais ça ne lui va pas bien. Moi, j’ai dans mon souvenir ma maison rose et jaune (maman nous reprenait c’était corail et jaune) si facilement reconnaissable!

Et vous, avez-vous une maison qui a marqué votre vie?


[1] Les « barbottes » forment le système le plus populaire de paris illégaux à l’époque. Des locaux désaffectés sont réquisitionnés par les bandits, des tables démontables y sont installées. Un fois les parieurs arrivés sur place, les paris durent moins d’une heure. Le jeu de dés est assez rapide pour vider les poches de la majorité des parieurs au profit de quelques-uns. Source : Archives de Radio-Canada

3 commentaires

  1. Nadia

    Ayant déménagé plus de vingt fois dans ma vie dont douze fois dans ma jeunesse si je ne m’abuse. Je ne garde peu de souvenirs; mais je me rappelle des adresses et je passe devant souvent. J’ai même amener mon fils visiter une maison quand j’avais trois ans. Les gens nous y ont laissé entrer. Là les souvenirs m’ont envahi .

  2. Serge

    C’est qui l’enfant à gauche, près de l’escalier.

    • Liette Picotin

      Je pense que c’est Marc.

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