
Ouf, j’entends déjà les commentaires désobligeants sur mon affirmation en titre. Attendez de bien en comprendre le sens.
Je ne suis pas née à Montréal, je n’ai pas vécu à Montréal, bref je ne peux affirmer officiellement être Montréalaise.
Je suis née à Lachine, aujourd’hui une agglomération de Montréal. Donc, techniquement, je suis née à Montréal. J’ai ensuite habité à St-Henri mais à l’âge de 3 ans, ma famille a déménagé à St-Hubert (aujourd’hui, une agglomération de Longueuil).
J’ai vécu sur la rive-sud de Montréal jusqu’à l’âge adulte et en couple, un peu par la suite. Je vis présentement sur la rive-nord de Montréal, ce qu’on appelle le grand Montréal. J’ai fait quelques incursions à Québec (cette belle ville que je n’ai pas eu la chance de vraiment découvrir à cette époque) et aussi à Chicoutimi-Nord, un souvenir merveilleux m’en est resté.
Ma vie professionnelle s’est, toutefois, déroulée en grande partie dans la ville de Montréal.
J’y ai côtoyé la diversité sous toutes ses formes. J’ai fait la connaissance de Thérèse, Hassiba, Zineb, Manon, Farahdia, Robin, Phochana, Florent, Souhaiel, Paolo et de tant d’autres. Plusieurs amitiés qui me procurent encore des rencontres chaleureuses. Différentes cultures et différents genres, tout ça ne changeait rien lorsque nous effectuions notre travail. Je dirais même que, pour la plupart, c’étaient des personnes vaillantes, au cœur d’or. J’ai vraiment été choyé tout au long de ma vie d’être au côté de ces être lumineux.
Ma première expérience de travail fut dans un magasin qu’on appelait « 5,10,15 » dans le temps. People’s Store sur la rue St-Hubert. Le gérant était juif, il fut toujours courtois avec moi et a su déceler en moi un potentiel auquel je n’aurais jamais pensé moi-même. J’ai vite gravi les échelons et quand je me suis retrouvée à remplacer la comptable pendant ses vacances, j’ai compris que je pouvais améliorer mon sort.
J’ai donc appliqué sur un poste à la CIBC. À ma grande surprise, on m’a engagé et je me suis retrouvée à travailler à la succursale, située au coin Crescent et Ste-Catherine. Ouf, j’ai cru d’abord débarquer dans un autre pays, tellement la petite banlieusarde que j’étais n’avait rien vu, rien vécu encore. Après mon stage à cette succursale où la langue de travail prédominante était l’anglais, je me suis retrouvée au 1155 Dorchester (aujourd’hui René-Lévesque). J’étais en plein centre-ville et j’y ai côtoyé des collègues de travail de différentes cultures et des touristes en quantité. La langue anglaise était encore largement pratiquée, mais curieusement la langue française s’y mélangeait en harmonie. Je pouvais m’adresser à une anglophone en français et elle me répondait en anglais, et tout le monde se comprenait.
De là, j’ai voulu vivre de nouvelles expériences et j’ai obtenu un transfert au 11e étage pour faire du « key plex » (du keypunch sur ordinateur au lieu de cartes trouées). La différence ici, c’est que je travaillais de nuit. Nous étions une vingtaine d’employées, toutes des femmes. Ici encore, la langue anglaise était prédominante. Plusieurs femmes asiatiques y travaillaient. Déjà, j’ai pu constater comme le partage était omniprésent. Ces femmes travaillaient de nuit et retournaient chez-elles au matin, s’occuper des enfants, pendant que le conjoint allait travailler à son tour.
C’est là aussi que j’ai connu une jeune femme qui parlait espagnol principalement. Elle essayait de m’apprendre l’espagnol, lorsque nous prenions le métro au matin pour retourner chez-nous. Pour me traduire, elle devait passer par l’anglais, et moi je devais retraduire en français dans ma tête. On rigolait toutes les deux durant notre trajet de retour. Quels beaux souvenirs j’en garde.
Plus tard, revenue dans la région de Montréal, j’ai travaillé dans une Caisse Desjardins sur la rue Berri, derrière le magasin Archambault, au côté de l’Université du Québec et de l’hôpital St-Luc. Sans compter la proximité avec différents médias, Radio-Canada, TVA, etc. J’étais encore une fois au cœur de l’action.
Mais la proximité qui m’a le plus appris, c’était le Village Gaie. Il m’a fallu un certain temps pour me rendre compte que la plupart des employés était gai ou lesbienne. Au fond, même si j’étais naïve, ce qui amusait bien le directeur qui m’avait engagé, je ne voyais pas quelle différence ça pouvait faire dans le service que nous offrions. J’y ai vécu de très beaux moments, malgré le milieu syndiqué, je fus apprécié et appuyé par les employés. La directrice que j’étais a apporté un vent de fraîcheur et de changements dans ce milieu. Et j’y ai fait des rencontres marquantes qui ont façonné le reste de ma carrière et même de ma vie personnelle.
J’ai travaillé aussi dans des milieux de banlieues éloignées, on pourrait presque dire que j’étais en région. Ça m’a fait voir le côté solidaire des villages. Changer certaines façons de faire m’a apporté mon lot de critiques, j’ai été confronté à des groupes très réfractaires au changement.
Et ma dernière expérience fut tellement positive, qu’elle m’a permis d’entrer dans l’ère de la retraite en toute sérénité. C’est là que j’y ai côtoyé toutes les cultures et le mélange fit un met savoureux. La diversité faisait partie de mon quotidien. Je n’y ai jamais senti de malversation et honnêtement, on finit par oublier les différences, car ça fait partie de nous. Découvrir les autres, c’est avancer dans la richesse de l’âme.
Plusieurs membres de ma famille vivent en région, comme on dit. Je les aime beaucoup et je suis heureuse de les côtoyer eux-aussi. Ils m’apportent un autre son de cloche dans la vie, qui me permet de ne pas juger indûment. Je vous l’ai dit, ma vie est riche de toutes ces rencontres.
Mais j’ai compris dernièrement que tous n’avaient pas fait le même cheminement que moi sur la diversité. Quand on n’a pas eu la chance, comme moi, d’en côtoyer sur une base régulière, il peut être plus ardu d’en comprendre le bienfait.
Je me suis toujours identifiée d’abord comme québécoise. J’ai toujours été très fière de vivre dans cette province où l’ouverture aux autres et la créativité sont un trait de personnalité commun. Je me sens intégrée dans ces valeurs.
Parfois, toutefois, je ne comprends pas certains commentaires disgracieux sur la différence. Puis j’ai eu un « flash », j’ai eu la chance de vivre dans la région de Montréal, donc pour moi c’est intégré, ça fait partie de moi sans que j’aie besoin de me poser cette question.
Actuellement, le manque de personnel un peu partout fait que de nouveaux visages s’installent en région et apportent un vent de fraîcheur dans leur mode de vie. C’est épeurant de les voir arriver probablement. Moi, je ne voyais pas la crainte que ces nouveaux venus suscitaient. Puis, ça m’est venu, ils ont besoin d’intégrer à leur tour. J’ai compris que mon côté « montréalais » m’avantageait.
Je suppose que plusieurs prendront cette affirmation comme un élan de supériorité, loin de moi cette idée. Je ne me sens supérieure à personne, je suis juste moi. J’aurais probablement beaucoup à apprendre encore des gens qui vivent en région. Chacun son cheminement de vie et surtout ses expériences de vie.
Je suis donc Montréalaise de cœur, c’est ma première patrie et j’en suis fière.
p.s. bon, moi-aussi je déteste les cônes et les chemins barrés, tout ne peut être parfait!
Laisser un commentaire