
En écoutant Fred Pellerin nous chanter « J’apprends à me tenir debout », j’ai réalisé la magnificence de ces paroles. Et je les ai intégrés, parce que me tenir debout fait parti des avantages du vieillissement.
Bien sûr, les paroles de cette chanson peuvent être interprétées de bien des façons. Chacun les fait sienne selon son mode de vie, selon ses valeurs propres.
Moi, j’ai entendu, ce qui m’a frappé ces derniers jours.
En prenant ma retraite, il y a déjà 10 ans, j’étais décidée à ne faire que ce que j’aimais dorénavant. Plus question de me forcer à agir autrement que ma personnalité l’avait toujours désiré. Enfin, la liberté (qui fut plutôt Liberté 57 dans mon cas), le plus grand avantage de cette retraite que je trouvais bien méritée.
Rapidement, j’ai compris que ce ne serait pas aussi simple que je l’espérais mais j’arrive de plus en plus à cette fameuse liberté dont je rêvais.
La maladie vient un peu brouiller les cartes. Ce n’est pas facile de se faufiler dans les dédales des services de santé, mais je ne m’apitoie pas trop sur mon sort, je m’en sors assez bien malgré tout.
Là où ce fut plus compliqué, ce fut de ne blesser personne. Faire attention à toutes mes paroles, particulièrement avec ceux que j’aime et qui m’aime en retour. C’est ce que j’ai fait toute ma vie. D’abord au travail où la diplomatie était de rigueur si je ne voulais pas voir partir ma clientèle. Mais aussi dans ma vie personnelle, comprenant l’importance de la diplomatie encore une fois, auprès des gens qui m’entouraient.
Dans les trois dernières années, les différentes situations qu’a provoqué la fameuse pandémie, a amené un tas de changements dans ma philosophie de vie.
J’ai d’abord réalisé que j’étais bien chez-moi. Que j’étais chanceuse d’avoir un toit sur la tête, de la bouffe pour que je ne meure pas de faim, la possibilité de me déplacer lorsque c’était nécessaire et surtout d’être sur mes deux jambes malgré des petits maux un peu agaçants à l’occasion. (Il y a bien pire, la guerre par exemple). Non, ma solitude ne m’a pas pesé. Car c’est une solitude remplie d’amour autour de moi. Une solitude sans être seule finalement.
Cette période m’a aussi fait voir où était mes vrais amis et m’a apporté une peine d’amitié entre autres. Une personne que j’aimais profondément m’a laissé tomber. J’ai réalisé que cette amitié était à sens unique. Comprenons-nous bien, je me voilais les yeux depuis des années croyant fermement à cette amitié, je me leurrais. L’autre personne n’est pas responsable de cette peine, je me la suis faite moi-même. Je ne peux lui en vouloir. Je lui conserve mon respect.
Toutefois cette prise de conscience m’a amené à mieux me positionner vis-à-vis les autres. J’ai décidé de me tenir debout, je n’ai plus rien à perdre.
J’ai toujours été une personne très respectueuse. Malgré mon côté impulsif qui m’a fait faire quelques bévues dans ma vie, je fais très attention à ne pas blesser les autres. Et pour ce faire, souvent, je ne les contredis pas. Préférant souvent garder le silence plutôt que de dire des paroles qui apporteraient de la dispute ou tout au moins, des altercations malveillantes.
Je serai encore cette personne avec plusieurs personnes que j’aime autour de moi. Je pense que la bienveillance aura toujours sa place dans notre monde.
Mais vieillir m’apporte aussi la liberté de m’exprimer ouvertement. Je le fais d’ailleurs par le biais de ce blogue. J’arrive maintenant à mieux m’affirmer, dans ce que je suis.
J’ai toujours pris la parole pour aider, pour soulager l’autre. Je le répète, c’est correct aussi. L’approche d’affection et d’aide à notre voisin est un geste qui doit continuer, pour sauvegarder notre société.
Mais instruire l’autre sur notre pensée et surtout sur des vérités qui doivent être dites car venant de faits incontestables est de plus en plus un leitmotiv pour moi.
Je suis consciente que l’on peut discuter, que l’on peut argumenter sur certains sujets. Là-dessus, je suis même de plus en plus ouverte à écouter pour apprendre et m’améliorer.
Ce que je n’accepterai plus c’est qu’on me dénigre, même si c’est indirectement car l’intention est la même et peut-être même est-ce pire.
Encore une fois, je trouve que c’est la beauté du vieillissement, on sait de plus en plus ce que l’on veut et de plus en plus ce que l’on ne veut plus.
On apprend aussi à s’entourer uniquement (ou tout au moins le plus possible) de gens aimants et aidants.
Je suis choyée car il y a beaucoup de ces gens autour de moi et j’espère bien les garder longtemps comme tel.
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